Une confidence: on adore les Comelade. Les Comelade mère et fils.
Le fils, c’est Pascal Comelade, qui enregistre depuis trois décennies des disques d’une musique miniature et singulière, bricolée mais savante, poétique et malicieuse. Zieutez donc cette version de Russian Roulette: grand solo de paille et ciseaux.
La mère, c’est Eliane Thibaut-Comelade, responsable, entre autres, des deux formidables recueils de recettes catalanes traditionnelles (ed. Jacques Lanore), qui pourraient bien constituer les ouvrages définitifs sur le sujet.
C’est dans ces pages exaltantes que, il y a des années de ça, on était tombé sur la recette de l’escalibade, ou escalivade, plat végétal, élémentaire mais mirobolant, dont on vous livre ici notre version. Ne me remerciez pas. Vous m’êtes sympathiques.
Sur l’étal du potager, raflez tout les vétérans de l’été, vétérans qui vous semblent garder bonne mine et afficher un pedigree correct. Poivron, petit oignon doux, aubergine, tomate joufflue, voire courgette, même si la doctrine catalane ne l’inclut pas dans le tableau. Profitez-en pour choper un bouquet de thymi. Rentrez chez vous, après.
Lavez puis taillez les légumes longitudinalement (quel adverbe splendide!), les tomates en quatre et les oignons itou. Déposez tout ça à plat dans un plat plat (une répétition? où ça?). Brumisez avec vigueur d’huile d’olive. Saupoudrez de thym frais, sel, poivre. Balancez un demi-verre d’eau au fond du plat. Et hop, au four, à 150 °, pour une heure. A mi-course, il n’est pas inutile d’ajouter un peu d’eau. Et de baisser un poil le feu. Faut pas que les vétérans crament.
Les légumes sortent de là confits et juteux, qu’on les bisouterait amicalement avant de les croquer sauvagement. Avec ça, selon humeur, on avale des côtelettes d’agneau, des anchois de Collioure ou rien du tout.
Tchoup
PS: Pas de slurperies la semaine prochaine. On s’en va chasser le paradentiste en Transylvanie.