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Kosovo : Le Niet de Moscou à l'ONU condamne les Européens à définir une politique russe

Publié le 21 juillet 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

DECRYPTAGE RELATIO par DANIEL RIOT :Quand Poutine veut, la Russie peut ! Les pays européens et les Etats-Unis ont renoncé à faire voter par le Conseil de sécurité de l'ONU une résolution sur l'indépendance du Kosovo.

Reculant devant le véto russe, perçu comme inévitable depuis lundi,  et craignant de compliquer encore leurs relations difficiles avec Moscou, ils espèrent « encadrer » un dialogue bilatéral entre Serbes et Kosovars.

Mais ce dialogue est mal engagé : Les Serbes célèbrent toujours le Kosovo comme le foyer de la « mère patrie » et le Kosovo envisage  de proclamer unilatéralement son indépendance, dès novembre.

Chez les Européens on ne veut « rien dramatiser », mais c’est l’impasse. Et elle risque de se prolonger dangereusement. Sur le terrain, la patience a des limites moins élastiques que celle des diplomates…

Le contexte diplomatique tendu avec la Russie a évidemment  compté … Côté britannique, en raison du refus de Moscou d'extrader le principal suspect de l'assassinat de l'ancien espion Alexandre Litvinenko. Côté américain, en raison du projet de « bouclier antimissiles » sur le sol européen. Mais la Russie  n’est pas isolée dans cette affaire : la Chine, l'Indonésie et l'Afrique du Sud ont également émis des réserves sur la résolution de l'ONU.
Les Occidentaux avaient pourtant fait un grand pas pour tenter de lever les objections russes. Pour la première fois, sur suggestion de Mme Merkel,  ils avaient renoncé, dans cette troisième mouture du texte, à toute notion d'  « automaticité » de l'indépendance du Kosovo au terme de la nouvelle période de négociations de cent vingt jours qui doit s'ouvrir entre Serbes et Albanais.

Mais la Russie agite depuis  janvier 2006, un argument difficile à combattre : pour Poutine,  l'accession du Kosovo à l'indépendance créerait un précédent, dont des territoires séparatistes de l'ex-URSS, comme l'Abkhazie (en Géorgie) ou la Transnistrie (en Moldavie), pourraient s'inspirer.

A Moscou, soulignent les observateurs, ce dossier est traité exclusivement par les « durs » du Kremlin. Par ceux qui sont persuadés que leur pays fait l'objet d'un projet d'encerclement et d'agression ourdi par Bush et l'OTAN. « Le plan occidental est clair : Les Américains et leurs alliés veulent priver la russie de son influence sur la Mer Noire. Pour nous, c’est inacceptable. La mer noire est déjà un lac turc, nous n’allons pas accepter qu’elle devienne une mer américaine », confie un diplomate russe qui se veut pourtant un « pro-européen militant »

Derrière cette peur, réelle ou feinte, de la Russie se profile un dessein qui paraît évident : Le Kremlin veut briser tout projets de rapprochement de la Géorgie et de l'OTAN. D’où le «  verrouillage des intérêts russes en Abkhazie », comme dit notre diplomate en insistant : « N’oubliez pas que cette région est très  proche de deux sites très sensibles, à forte importance stratégique  : le port de Novorossisk, où la flotte russe de la mer Noire doit être basée à partir de 2017 quand s'achèvera son bail négocié avec l'Ukraine.  Et Sotchi, la ville  qui vient d'être désignée pour les Jeux olympiques de 2014, et qui est proche du  Caucase du Nord ».

Nous voilà loin du Kosovo, mais nous revoici replongés dans des jeux de lego diplomatique de la géopolitique (geopolitik) la plus classique :la géographie au cœur de l’histoire en marche… ou en panne.

Selon certains observateurs, cités par plusieurs journaux occidentaux,  Vladimir Poutine va jusqu’à dire que  «  l'intervention de l'OTAN contre la Yougoslavie en 1999 n'avait pas plus de légitimité que la guerre américaine en Irak ». A l’époque, la Russie, était trop faible pour l'empêcher, mais ce temps n’est plus : Retour non à la guerre froide, mais à une paix bien glaciale…Avec fermeté extérieure et verrouillage intérieur. Avec l'arme économique pointée sur des objectifs stratégiques.

N’a-t-il pas dit, comme le rappelle « Le Monde » que  les  Etats-Unis étaient  un « loup qui sait qui il veut manger »... L’Ours russe a les moyens de se défendre. D’autant plus qu’il « tient » les Européens par leurs besoins en énergie…

Ce feu rouge mis par le Kremlinà l’ONU démontre bien que les  « Occidentaux »  (on en revient au vocabulaire des affrontements Est-Ouest, avec des lignes différentes…) sont condamnés à se réinventer une politique russe.

« Cherche politique russe désespérément », résumait un éditorialiste voilà quelques jours. C’est encore plus vrai. Avec, entre Européens, des nuances qui se font de plus en plus sentir : Berlin et Londres, la visite de Brown chez Merkel l’a confirmé, ne sont pas tout à fait sur la même longueur d’ondes, Sarkozy ne s’est visiblement pas encore tracé une ligne bien définie, les ex-pays de l’Est prônent une fermeté compréhensible mais pas forcément adéquate....

Et si le Conseil de l’Europe trouvait dans ce contexte une importance politique nouvelle et positive ? On devrait y songer dans les chancelleries… N’est-il pas la seule organisation où la Russie  siège AVEC l’Union européenne sans les Américains ? En d’autres crises, il a montré qu’il pouvait jouer un rôle de filet de sécurité et de laboratoire de compromis…

Daniel RIOT


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