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Habiter la ville

Publié le 17 octobre 2008 par Nicole Guichard
Art_grandeur_nature_2L'art et les manières d'habiter la ville
Trouver de la poésie dans un parpaing ? La chose est possible : de ce matériau banal et ingrat, l'artiste Vincent Mauger a fait une expérience visuelle et sensorielle. Couvrant le sol de la brasserie Bouchoule, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ces blocs aux trous réguliers deviennent une drôle de moquette où le visiteur s'avance avec précaution. Comme téléporté sur une planète lointaine où d'autres parpaings, sculptés comme des météorites, se seraient échoués.
L'installation, brute et délicate, est une des plus réussies de la biennale Art Grandeur Nature, qui invite des artistes contemporains à réfléchir sur les manières d'habiter la ville dans six villes de Seine-Saint-Denis. Dans ce département connu pour ses problèmes urbains, les lieux d'art ont choisi des artistes capables d'aborder le thème sur un mode inventif, sans naïveté ni caricature. A Montreuil, aux côtés de Vincent Mauger, les vidéos de Raphaël Zarka montrent la cohabitation difficile, voire impossible, des adeptes de skateboard et des habitants. Aux Etats-Unis, les skateurs, ces nuisibles, sont pourchassés par la police. Au mieux, on leur construit un quartier à l'écart, fausse ville sans humains, créée à leur intention... comme si la ségrégation était la seule issue possible.
VILLE FANTÔME- L'art, lui, cherche à se mêler à la ville. A Saint-Denis, dans le quartier difficile qui jouxte la gare RER, le duo belge LAb[au] a installé au bord du canal une rangée de panneaux lumineux qui oscillent au rythme des passants. C'est surtout la nuit que cette merveille technologique enchante les lieux. Aux Lilas, le photographe américain Lewis Balz se fait plus sombre :  sa Ronde de nuit montre une ville fantôme qui prend le dessus sur les hommes. Le photographe Olivier Mirguet guette les hélicoptères qui pourchassent les fugitifs à coups de projecteurs dans la nuit de Los Angeles. Mais à plonger ainsi dans le halo irréel qui surgit du noir, le photographe quitte le documentaire et frôle la fiction. Preuve qu'entre béton et vidéosurveillance il reste encore place pour la rêverie. Claire Guillot-Le Monde-15/10/08
Biennale Art Grandeur Nature-Différents lieux à : Blanc-Mesnil, Saint-Denis, Montreuil, Les Lilas, Pantin, Noisy-le-Sec. Tél. : 01-43-93-75-17-Jusqu'au 23 novembre-Entrée libre-

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