Le rêve américain... de Bruxelles... tombe à l'eau

Publié le 17 octobre 2008 par Edgar @edgarpoe
Un petit graphique que j'avais gardé de côté. Il relativise les discours (libéraux) sur le rêve américain d'une forte mobilité sociale :



En français, ça signifie qu'une personne née dans les 20% les plus pauvres a 40% de chances de rester parmi les 20% les plus pauvres aux Etats-Unis, contre 25% seulement au Danemark. Seuls 8% d'entre eux atteindront, aux USA, les 20% les plus riches, mais 14% au Danemark...

L'article de Paul de Grauwe tendait ainsi à montrer que les pays européens n'ont pas à rougir de leur rigidité supposée par rapport au dynamisme fantasmé des américains.

*

Ce qui est énervant, c'est quand de cette observation que les modèles sociaux des pays européens fonctionnent souvent mieux qu'aux Etats-Unis, certains croient pouvoir tirer la justification de l'Union européenne.

Ce qu'il y a de social dans les modèles nationaux européens ne doit rien à l'Union européenne, qui s'acharne au contraire le plus souvent à voir dans toute protection sociale une "rigidité structurelle".

L'article de Paul de Grauwe comprend d'ailleurs un graphique qui montre une absence totale de corrélation entre les "rigidités" mesurées par l'OCDE et la productivité de différentes économies.

Donc le combat européen contre les rigidités structurelles est idiot, il a été pourtant mené continûment par la banque centrale européenne et nous tient lieu de politique économique unique depuis une vingtaine d'années.

Et voilà que maintent certains voudraient attribuer à l'Europe des politiques sociales qu'elle s'acharne à combattre (cf. les jurisprudences Viking et Laval, dont j'attends toujours qu'Eolas nous démontre le caractère progressiste).

Ou encore ce monument de mauvaise foi d'Alain Duhamel dans Libération, qui relie modèle social français et politiques européennes, comme s'il y avait entre la sécu fondée en 1945 et l'Union, qui s'acharne à la démanteler, le moinde rapport. Appréciez la pirouette :

"Depuis des années, la Sainte Alliance des souverainistes, des «déclinistes», des trotskistes, des communistes, des libéraux et de l’extrême droite avait atteint son but : elle était parvenue à déconsidérer ce que l’on appelle, faute de mieux, de façon à la fois assez vague et assez vaniteuse, le modèle français, c’est-à-dire ce consensus idéologique qui rêve d’une économie de marché sociale et fortement régulée, d’un gouvernement économique européen et d’une autorité politique qui impose à Bruxelles la prééminence des chefs d’Etat et de gouvernement sur la bureaucratie."

L'animal s'offre même le luxe d'une petite tirade populiste contre les bureaucraties... Très fort.

*

Bref, avec le modèle américain qui se casse la figure, l'Union européenne va être en panne de logiciel. Son seul problème c'est qu'elle n'en a pas d'autre et l'on ne tardera pas à s'en apercevoir quand ceux qui crient au miracle face au plan bancaire européen (somme de plans nationaux en réalité) attendront une suite qui ne viendra pas...




Découvrez Jean-Jacques Goldman!