J’étais parti à la recherche d’une étoile qui n'aurait pas été morte.
On dit qu’il en existe encore quelques-unes, là bas, bien loin, quelque part entre la constellation du Centaure et celle d’Orion.
J’étais donc parti et je cherchais.
Ce fut un beau voyage, un bien beau voyage.
J’ai traversé des contrées étranges, des plaines immenses, des forêts enchantées et j’ai même vu des montagnes qui montaient jusqu’aux cieux. J’ai connu les pluies de l’hiver, quelque part dans un port de l’Atlantique et des climats torrides, plus au Sud, sur la terre calcinée de la vieille Castille. Là-bas, il y avait des châteaux fantastiques, dressés sur des pitons rocheux, des champs de blé vastes comme la mer et la poussière des siècles, emportée par le vent, dans la chaleur de midi.
J’ai dormi à Venise, la belle cité qui dans l’eau se mire et cherche en vain dans un miroir le reflet de ce qu’elle fut. J’ai traversé Vérone, mais il était trop tard, Juliette déjà reposait dans son tombeau de marbre. J’ai vu Florence, ses dômes et ses musées et même San Gimignano, la ville aux mille tours, perdue dans son Moyen-Age.
Je cherchais toujours et je ne trouvais point.
Parfois je demandais aux personnes rencontrées si par hasard elles n’avaient pas croisé la route d’une étoile qui ne serait point morte, une étoile avec deux grands yeux songeurs et une belle chevelure de feu, comme ces longues traînées qu’on voit parfois la nuit au milieu du mois d’août.
Mais, personne n’avait rien vu, ni fille ni étoile et encore moins des traînées de feu. La nuit est noire répondaient-ils et les étoiles sont mortes depuis longtemps. Néanmoins je continuais à chercher.
Cela a pris du temps. Tellement de temps qu’entre-temps j’ai vieilli et qu’un beau jour je me suis retrouvé à mon point de départ. La vie déjà était finie et je n’avais pas trouvé l’étoile. Peut-être était-elle morte pendant que je la cherchais. Peut-être n’avait-elle jamais existé, si ce n’est dans mon imagination. Pourtant, il me semblait… Parfois je lève encore les yeux vers le ciel, entre le centaure et Orion et je crois l’apercevoir. Mais à fixer ainsi la nuit trop longtemps mes yeux picotent et ma vue se brouille. L’âge sans doute. Probablement.
Tout me semble flou alors et je ne distingue plus rien.
Cela ne fait rien, ce fut quand même un bien beau voyage.
Restent les souvenirs.
Et le désir.
"Feuilly"