L’acidification des océans progresse à un rythme sans précédent

Publié le 16 octobre 2008 par Graeme

L’acidification des océans, due à l’absorption en grande quantité de dioxyde de carbone, s’accélère à un rythme sans précédent et menace les écosystèmes marins et les moyens de subsistance de dizaines de millions de personnes, ont conclu les scientifiques lors d’un récent symposium à Monaco.


Photo : aquaculture à Zanzibar

« Nos océans sont malades. Nous ne savons pas exactement à quel point, mais il existe désormais assez de preuves à nos yeux pour affirmer que la chimie des océans se modifie, ce qui va affecter certains organismes marins et que les décideurs doivent réagir et prendre en compte ce phénomène », a déclaré James Orr, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et président du Symposium, cité dans un communiqué de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) publié jeudi.

Le symposium, à laquelle ont participé 250 scientifiques originaires de 32 pays du 6 au 9 octobre, était organisé par la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO, le Comité scientifique pour les recherches océaniques (SCOR), l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et le Programme international géosphère-biosphère (PIGB), avec le soutien de la Fondation du Prince Albert II de Monaco et plusieurs autres partenaires.

L’acidification résulte de la capacité des océans à absorber de grande quantité de dioxyde de carbone, à peu près un tiers de ce que nous émettons dans l’atmosphère du fait de la combustion des énergies fossiles. Actuellement, l’océan absorbe près de huit milliards de tonnes de CO2 par an, qui resteraient autrement dans l’atmosphère. Ce phénomène joue donc un rôle important dans l’atténuation du réchauffement climatique.

« Depuis la révolution industrielle, l’acidité des eaux de surface de l’océan a augmenté de 30 %. Ce changement est de plus grande ampleur et 100 fois plus rapide que les épisodes précédents d’acidification subis par les océans depuis plusieurs millions d’années », a expliqué James Orr.

« Les travaux de recherche publiés indiquent que d’ici 2030, la mer australe commencera à devenir corrosive pour les coquilles des escargots de mer évoluant à la surface des eaux. Ces mollusques représentent une source importante de nourriture pour les saumons du Pacifique. Si leur nombre diminue ou s’ils disparaissent dans certaines régions, comme le Pacifique Nord, qu’adviendra-t-il du saumon – et de l’industrie de la pêche du saumon ? Et que se passera-t-il si l’acidification affecte de plus en plus les récifs coralliens qui abritent un quart des poissons dans le monde, au moins pendant une partie de leur vie, et qui génèrent une industrie touristique de plusieurs milliards de dollars ? », a-t-il poursuivi.

« Les phénomènes précédents d’acidification peuvent nous renseigner », a indiqué Carole Turley du Laboratoire marin de Plymouth (Royaume-Uni). « Ils se sont traduits par exemple par une extermination massive des organismes à coquilles. Ceci confirme les études sur le fond des océans concernant l’existence d’évacuations naturelles du CO2, où l’eau de mer est déjà hautement acide, et qui montrent une baisse importante de la biodiversité et l’apparition d’espèces invasives ».

Les scientifiques présents à la conférence de Monaco se sont accordés sur la nécessité de développer la recherche pour comprendre les implications et l’impact du phénomène d’acidification actuel. Ils ont également insisté sur le fait que la réduction des émissions de carbone est la seule voie efficace pour stabiliser et inverser le processus d’acidification. Ils ont ajouté que malgré les réticences de nombreux gouvernements, ceci est possible et à un coût abordable.

Hermann Held, de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique (Allemagne), a déclaré aux participants que le coût de l’élimination des émissions de carbone d’ici un siècle serait inférieur à 1,5 % du PIB mondial.

Source : ONU, UNESCO