Des détenus portugais se bonifient en fabriquant du vin de garde
Il n'y a pas de tenues rayées, de gardes armés ni de miradors dans le vignoble de Pinheiro da Cruz, dans le sud du Portugal. Et pourtant, les vignerons, ce sont des prisonniers, parfois condamnés à de longues peines. Lire la suite l'article
Les détenus vont et viennent librement parmi les plans de vigne et ont même droit de temps à autre à un verre de leur vin d'excellente qualité qui se vend jusqu'à plus de 30 euros la bouteille dans les meilleurs restaurants de Lisbonne.
"Il y a une relation de confiance. Nous sélectionnons les détenus qui ont un passé nous permettant de leur faire confiance pour ce travail", explique Antonio Matias, un ancien gardien recyclé dans le négoce des vins qui dirige la cave de la prison.
Selon l'oenologue qui signe l'étiquette des bouteilles produites par la prison - 25.000 litres de rouge et 5.000 litres de blanc par an - la qualité du vin est "rehaussée par l'espoir que dégagent les prisonniers" et "inspirée par leurs nobles sentiments".
Le projet de Pinheiro da Cruz, qui remonte aux années 1950, était initialement conçu comme une forme de travaux forcés mais il est devenu au fil des années une forme de récompense pour les détenus modèles, en allégeant leurs conditions de détention et leur conférant un sentiment de liberté.
"Nous gagnons 2,20 euros par jour. Ce n'est pas beaucoup, mais c'est une manière de se distraire. Le temps passe bien plus vite ici. C'est bien pire dans une cellule", avoue Vitor Grilo, qui a purgé la moitié de sa peine de 19 ans de détention pour meurtre.
"L'objectif essentiel, c'est toujours d'aider les détenus à se réinsérer dans la société. Mais, si en plus, nous réussissons à produire du bon vin, alors tant mieux!", résume Antonio Matias.
Ruben Biocho, version française Marc Delteil
Reuters