4-4-2, 3-5-2, transpercer la défense, attaques latérales… On le sait, le football est une façon (souvent) plus pacifique, de faire la guerre, d’affirmer sa supériorité nationale, d’exalter la patrie. Il n’y avait d’ailleurs pas de coupe du monde de football pendant la Seconde guerre mondiale, c’était superflu. Les anciens de France-Allemagne 82 peuvent en témoigner, ils ont vu une nation s’effondrer derrière eux à la fin des prolongations.
Et si le foot c’est la guerre, la France ne doit pas s’étonner de voir son dernier conflit armé lui revenir dans la figure. Elle ne peut en vouloir à ses anciennes colonies de lui retourner la claque qu’elle leur a mis. Comme si la République pouvait s’en (re)tirer comme ça, sans dommages collatéraux, après des années de colonisation.
C’est un classique de son histoire post-coloniale, la France a toujours voulu le beur et l’argent du beur. La loi du 23 février 2005 et ses amendements en pagaille sur “les effets positifs de la colonisation” en sont une autre preuve. Ne pas comprendre que les maghrébins puissent siffler la Marseillaise, c’est croire que la République laïque française a parfaitement réalisé l’intégration de tous ses enfants. C’est croire que tout est bien dans le meilleur des mondes.
Comment peut-on penser que la blessure est complètement refermée, alors que cette population débarquée de ce qui était encore la France peine à se trouver une place dans la société, à se construire une identité, immigré ici, émigré là bas. La décision de Sarkozy prend encore le problème à l’envers. Respectez la France et on vous respectera. Mais le respect c’est de traiter tout le monde de façon égale, et d’assumer son histoire, surtout quand elle est aussi récente. Alors le Président a tranché, si sifflets il y a, on coupera celui du match. Il ne veut pas voir ça. Il faudra bien un jour ouvrir les yeux.