Petit rappel de l'épisode précédent, la saponification c'est :'Gras + soude = savon + glycérine
Le gras peut être du gras animal ou du gras végétal, les savons du
commerce affichent rarement leur composition en gros, "tallowate" dans
la composition INCI, c'est du suif...outre l'aspect éthique pour celles
qui ne veulent pas tuer d'animaux, il est clair que ce suif n'est pas
de provenance d'animaux élevés biologiquement, de filières propres, et
qu'on ne sait pas par où il est passé avant d'arriver chez le savonnier.
Vous noterez aussi dans la composition INCI de la majorité des savons,
outre les différents gras (tallowate, olae europae pour l'olive, cocos
nucifera, etc.) et la soude (sodium hydroxyde) des additifs divers et
variés tous plus nocifs pour notre peau et l'environnement les uns que
les autres...c'est le cas de l'EDTA, ou editronic acid, voir ICI les joyeusetés ce ce toxique.
Personnellement,
j'ai fait le choix de gras d'origine 100% végétale.
L'huile
qui participe au processus de saponification est en contact avec la
soude et va donc être irrémédiablement dégradée par celle-ci, donc quel
intérêt me direz vous de prendre une huile chère de qualité puisque ses
propriétés sont perdues ?
Déjà, chaque huile a des propriétés spécifiques qui influeront sur la qualité du savon. ce qui explique qu'on ne se contente pas de l'huile la moins coûteuse. Le défi du Biwil de Michèle dont je vous ai déjà parlé hier est un bon exercice pour tester les diverses huiles.
Ka-Fée pratique également depuis quelques mois un exercice intéressant en testant la saponification d'une huile unique. Par exemple en octobre, elle a fait un savon pur carthame.
Vous trouverez un tableau résumant les propriétés des huiles en savonneries ICI, sur le site canadien Derma-Nova.
De plus, dans la mesure du
possible (et de la compatibilité avec mon porte-monnaie), j'essaye d'utiliser des
huiles bio ou les plus brutes possible. Pourquoi ?
D'abord pour
éviter la présence dans mon savon de résidus de pesticides, engrais,
produits de raffinage et autres cochoncetés...et d'autre part pour ne
pas, autant que faire se peut, favoriser les filières agro-alimentaires
non éthiques.
Pour mettre un peu d'images... Mon savon du Biwil. Huile de coco et d'argan...Bio ni l'une ni l'autre...Argh ! ;-) Le détail ICI .
Quelles huiles sont indispensables dans la composition de mon savon ?
Comme montré chez Kafée, on peut techniquement faire un savon avec une seule huile. Toutefois selon les propriétés propres de cette huile liées à sa composition particulière en acides gras, on peut obtenir un savon très mou (par exemple savon pur olive, dit de Castille), ou qui sera asséchant (savon pur coco).
Il est donc intéressant de mélanger les huiles pour obtenir un savon équilibré, intéressant sur le plan respect de la peau, moussant et suffisament ferme.
Un grand classique dans les savons est l'huile de coco (ou coprah) qui apporte dureté et mousse, mais tire un peu la peau. Un dosage assez standard consiste à en incorporer 20% dans un savon. Michèle a choisi d'en incorporer 30% dans les savons du Biwil, ce qui leur assure une "tenue" minimum, même si on lui assortit une huile à faible INS...
Argh, j'ai dit un gros mot !!! ;-)
Mais non, l'INS correspond à l'indice de dureté de l'huile, qui est calculé en fonction de la composition du savon et de son indice d'iode. Je sèche sur la signification des lettres de l'acronyme mais je vais trouver...
L'indice d'iode d'un lipide est la masse de diiode (I2) (exprimée en g) capable de se fixer sur les insaturations (double liaison le plus souvent) des acides gras de 100 g de matière grasse.(Source : ici ). Ce qui est important c'est que plus bas il sera, plus dur sera le savon produit.
Pour obtenir un savon pas trop mou, cet indice doit être idéalement situé entre 145 et 165, à partir de 140, mes savons me conviennent.
Je vous vois vous demander d'ici comment vous allez faire pour gérer tout ça !
Pas d'affolement, il existe un calculateur en anglais qui reprend toutes les propriétés des huiles et Eau de rose a fait un bon travail en français intégrant cet aspect. Nous en reparlerons dans le prochain épisode !
En matière de dureté un grand classique consiste à incorporer un pourcentage d'huile de palme. Je vous rappelle toutefois que la production de cette huile entraîne une déforestation massive en Asie, très préjudiciable à l'équilibre écologique. Veillez donc à vous fournir par une filière écologiquement responsable. L'huile de palme se présente sous forme raffinée, en général un pain rectangulaire blanc vendu au rayon frais, ou brute, elle est alors très orange, c'est la forme sous laquelle on la trouve en général dans les magasins "exotiques" ou sur les lieux de production.
Le surgraissage
Si vous mettez en contact avec la soude, la stricte quantité de gras nécessaire à la saponification, une fois la réaction terminée, vous aurez uniquement du savon (et la glycérine qui va avec)...Vous avez certainement entendu parler des savons surgras...Faire votre savon maison, c'est aussi vous donnez la possibilité de le surgraisser en introduisant plus de gras que nécessaire à la réaction de saponification, on aura alors :
gras + soude = savon + glycérine + surgras
Mais me direz vous comment calculer toutes les quantités nécessaires ?
Réponse demain... Episode Calculs et calculateurs !
LES COMMENTAIRES (2)
posté le 02 octobre à 13:39
http://www.soapcalc.net/info/soapqualities.asp : explications sur soapcalc de la signification de INS (Iodin 'n SAP) bravo pour vos articles ! je savonne depuis un bail mais j'y ai encore appris des choses !
posté le 02 octobre à 13:39
http://www.soapcalc.net/info/soapqualities.asp : explications sur soapcalc de la signification de INS (Iodin 'n SAP) bravo pour vos articles ! je savonne depuis un bail mais j'y ai encore appris des choses !