Zaza Fournier

Publié le 16 octobre 2008 par Fred Desfrenne

Zaza, drôle de prénom pour une chanteuse... Plus zazou que zozo, un drôle de phénomène. Il faut la voir, juchée sur sa chaise, un piano à bretelles autour du cou, scander ses refrains avec l'aplomb d'une artiste de cabaret mâtinée de star de rock des fifties. Car Zaza Fournier, c'est tout cela à la fois, un mélange de styles qui fait tourner la tête et gigoter les gambettes. Alors tango, twist, goualante, valse ou rock'n'roll, peu importent les étiquettes. Pas étonnant que dans son panthéon personnel, on retrouve en vrac des artistes comme Edith Piaf, Elvis Presley, Tom Waits ou Brigitte Fontaine.

Imaginez une grande fille blonde qui aurait adoré jouer dans « Grease », écoute les disques de Fréhel et en pince pour Wanda Jackson, et vous aurez une -vague- idée de l'artiste. Car sous ses dehors de chanteuse réaliste rétro-kitch, Zaza Fournier est résolument contemporaine. Sur scène, outre l'instrument sus-nommé (« un accordéon c'est fort, drôle et sexy » affirme-t-elle), elle se fait accompagner d'un... i-pod, son orchestre à elle planqué dans une petite boîte. Et si ses chansons parlent d'amour, toujours et encore d'amour, c'est avec le recul romantique et la suave cruauté qui seyent à l'époque. Comme elle dit: « j'aime quand c'est fort, quand ça fait mal, quand on se sent vivant ! »

Zaza Fournier est née à Paris il y a une petite vingtaine d'années, d'un papa prof de linguistique et d'une maman graphiste. Une enfance tranquille, entourée de livres et de disques, qui lui donnent envie d'apprendre le violon (dix ans de cours...) et d'étudier le théâtre. Mais c'est de l'accordéon qu'elle tombe amoureuse, par le biais d'une tante mélomane. Entre études et petits jobs, elle décide soudain, il y a deux ans, d'aller chanter dans la rue, armée de son fidèle compagnon à boutons et soufflets. La voilà qui fait la manche sur la place Beaubourg, on la remarque, on lui propose de jouer dans les bars, parfois devant trois piliers de comptoir. Rude école, bonne école. Sa rencontre avec le producteur-arrangeur Jack Lahana et le musicien Rob feront le reste. Premières maquettes, premiers contrats. Aujourd'hui, là voilà qui publie enfin l'album dont elle a toujours rêvé. Un disque dense et doux, lyrique et énergique, où domine une voix à la fois rauque et sensuelle, forgée aux concerts de rues et modelée aux rythmes de l'amour.

Qu'elle se fasse chroniqueuse impitoyable des rapports de couple, « avec ses couci-couça, ses tracas et ses tralalas » (« La vie à deux », « Les mots tocs »), chantre de l'amour serein (« Mon homme », « Baiser d'un soir ») ou des blessures sentimentales (SOS, Post Scriptum) c'est avec la même intensité vocale, le même supplément d'âme. Ce qui ne l'empêche nullement de croquer avec tendresse ses contemporains (« Mademoiselle », portrait d'un travesti inspiré par une pièce de Copi mais que n'aurait pas renié l'Aznavour de « Comme ils disent »), de pratiquer l'auto-dérision (« Baston »), de fantasmer sur une Amérique inconnue (« Rêve américain ») ou de militer de belle manière pour le retour du slow, du vrai, celui qu'on pratique langoureusement enlacés (« Mon slow).

Bref, vous l'avez compris, voici donc une chanteuse à texte et à voix ! Un univers plein de gouaille où l'on croise romantisme et cruauté.



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