Une semaine passa, la deuxième aussi et toujours pas de réponse… Au début de la troisième, voyant que rien ne n’arrivait je pris sur moi de demander des nouvelles… Pour m’entendre dire, comme c’était prévisible, que la décision n’était pas encore prise.
Pourtant, quelques jours plus tard, je recevais un appel des RH me demandant de fournir quelques documents en vue de la création d’un dossier chez UBIFRANCE (l’organisme qui gère le dispositif des V.I.E)… C’était plutôt bon signe mais ce n’était pas encore une réponse.
Finalement, un après midi, alors que j’étais au travail la nouvelle tant attendue tomba enfin sous la forme d’un mail de 3 lignes.
« Nous avons le plaisir de vous annoncer que nous avons décidé de retenir votre candidature pour un V.I.E de 18 mois au sein de notre filiale à Pékin, veuillez prendre contact dès que possible avec le service des ressources humaine de notre siège de Paris. »
Bizarrement, le sentiment que j’ai ressenti à ce moment n’était pas la joie mais plutôt un grand soulagement, mêlé à un peu d’appréhension.
Soulagement tout d’abord parce que c’était la fin d’une procédure de recrutement qui avait presque duré 8 mois et avait été marquée depuis le début par la plus grande incertitude quand à son issue. Et soulagement ensuite parce que je savais que je pourrais réaliser un projet qui me hantait (c’est le mot juste) depuis plus de 5 ans.
Malgré tout je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine appréhension, parce que cette fois c’était pour de bon : je partais vraiment à Pékin !
Je m’étais tellement concentré ces derniers mois et ces dernières années sur les moyens de parvenir à cet objectif que j’en étais presque venu à oublier l’objectif en lui-même !
Et puis je pensais partir 12 mois, histoire voir comment ça se passait, et voilà qu’on me proposait d’entrée de jeu 18 mois, non sans m’avoir indiqué que cela pourrait être plus.
Le choc de la nouvelle passé, la joie est bien entendue arrivée mais depuis lors le sentiment d’appréhension n’est jamais parti.
En effet, avant même que la recruteuse ne me pose la question, je savais que ce départ aurait de très importantes conséquences sur ma vie. Non pas seulement parce que je partais en Chine, mais parce que je savais que lorsque je rentrerai les choses seraient passablement différentes. Ainsi je savais que ma mère (ma seule famille en France) avait décidé, si je partais en Chine, de rentrer vivre parmi sa famille dans son pays natal.
N’étant pas propriétaire de son appartement, elle le rendrait donc tout comme moi le miens. De sorte qu’une fois parti, je n’aurais plus aucune base en France : pas de parents, pas de familles mais des amis.
D’ailleurs, plusieurs de mes amis qui pour leurs études ou leurs stages avaient été amenés à beaucoup voyager, revenaient en général chez leurs parents lorsqu’ils étaient de retour, le temps de rebondir vers un autre travail ou de s’installer définitivement.
Je savais que dans mon cas un départ était un allé simple et que, quoi qu’il se passe, je ne pourrais pas rentrer sur un coup de tête, en catastrophe, sauf à camper chez un amis le temps de trouver un travail et un logement, perspective pas très réjouissante.
Je ne voulais pas dramatiser mais avant de se lancer il fallait vraiment une dernière fois se poser la question « est-ce vraiment ce que je veux » parce qu’une fois parti, c’était pour 18 mois fermes et peut être bien plus…
Le choix était le suivant : d’un côté je pouvais commencer calmement ma carrière en France, trouver un appartement dans le quartier où j’ai toujours vécu, garder mes habitudes et mener une vie tranquille, de l’autre sauter à pieds joints dans l’inconnu, tout lâcher sans trop savoir vers quoi j’allais. La seule chose que je savais était qu’un travail (assez mal défini d’ailleurs) m’attendait à Pékin…
Après avoir réfléchi une dernière fois quelques instants aux conséquences de ma décision, je rédigeais quelques mots, simples et logiques, qui devaient marquer un tournant dans ma vie :
« C’est avec grand plaisir que je vous confirme que j’accepte votre proposition… »
L’aventure pouvait commencer… (hum… Ca fait un peu téléréalité là !)