Quand on y pense, c’est quand même hallucinant. La comédie française typique se déroule dans le Nord avec trois pelés et deux vannes, entre une brasserie miteuse et la place du village. La comédie américaine typique se déroule au Vietnam, est bourrée d’effets spéciaux et d’explosions, rameute un casting de folie et surtout beaucoup d’acteurs venus se défouler. Quand je vois çà, je me dis que l’exception culturelle française pue sévèrement en se voulant auteurisante sans jamais chercher à mettre un peu de forme au dessus de son prétendu fond…
Tonnerre sous les tropiques – Le meilleur film de Tom Cruise ?
Tugg Speedman, héros has-been de film d’action, Jeff Portnoy, spécialiste des comédies pétomanes, Kirk Lazarus, pur produit de l’actor studio australien et Alpa Chino, rappeur à biatches se retrouvent sur le tournage de Tropic Thunder. En raison de leurs égos, de leurs problèmes de drogue et de l’incompétence du réalisateur, le tournage est sur le point de capoter. Mais le réalisateur décide de tirer le meilleur de ses acteurs en les mettant en conditions réelles en plein milieu d’une zone contrôlée par les trafiquants de drogue. Le carnage peut commencer…
En préambule, il faut savoir que Tonnerre sous les Tropiques est arrivé à détrôner Batman The Dark Knight au box-office US. Rien que çà. Autant dire que les attentes sont élevées lorsqu’on rentre dans la salle. Est-ce que le contrat est réussi pour autant ? Ben en fait à moitié seulement.
En effet, Tonnerre sous les Tropiques a un statut hybride : à la fois film parodique et vrai film de guerre. Du coup autant la première moitié du film est savoureuse, autant la deuxième est déjà vue et revue. Et les conneries commencent dès le pré-générique, avec de fausses pubs et surtout de fausses bandes-annonces. La meilleure à mon goût étant celle de Satan’s Alley mettant en scène Kirk Lazarus, 5 oscars au compteur, et Tobey Maguire, MTV award du meilleur kisseur (oui oui celui là même qui tisse des toiles dans Spiderman) dans un drame homosexuel entre moines…
Passé le générique, on découvre les rouages d’un tournage totalement chaotique, déchiré de l’intérieur par la nullité des interprètes, la connerie des agents, et pressurisé par un représentant des studios vicieux. Et une fois dans la jungle, passé une dizaine de minutes, le rythme retombe. Moins de vanne à la minute, et surtout une certaine routine qui s’installe et qui contraste un peu trop avec le début.
Alors concentrons-nous sur cette première partie. Au-delà de son très bon rythme, la vraie bonne surprise est totalement imprévue, puisqu’il s’agit de Tom Cruise. Dans le rôle du patron de studio tortionnaire, il impressionne. Lui qui se vend d’habitude comme le super pro au melon hypertrophié toujours souriant et vendant sa scientologie à qui veut bien l’entendre… se retrouve dans un rôle de salaud de la pire espèce, balançant trois gros mots à la seconde. D’une part son rôle de composition est particulièrement réussi car il est franchement bien joué et on en avait plus l’habitude avec Tom, d’autre part il nous montre un potentiel comique jusqu’ici indétectable mais franchement sympathique. Une excellente surprise.
A côté de çà, Ben Stiller se fait voler la vedette (sans doute trop occupé comme producteur / réalisateur / scénariste / acteur) par un Robert Downey Junior au top de sa forme. C’est simple, les meilleurs scènes sont toujours avec lui. Son rôle d’acteur prétendu génial ayant subi une opération chirurgicale pour jouer un noir… mais étant en fait pétri de clichés racistes et réducteurs est un vrai plaisir. Après la bonne surprise Iron Man, Robert revient en force sur les écrans et montre qu’il peut tout déchirer. Vivement son prochain film.
Mais comme je le disais en intro, Tonnerres sous les Tropiques c’est aussi un certain sens de la démesure : gigantesques explosions, hélicoptères, scènes « à la manière de » Platoon, Apocalypse Now… version drôle. A noté aussi quelque coups bas ( par exemple contre Sean Penn dans Je m’appelle Sam ) via le faux film Simple Jack qui donne envie de railler certaines interprétations de personnages déficients mentaux de ces dernières années.
Bref, ne serait ce que pour sa première moitié brillante, le film vaut clairement le coup. La suite est convenue, mais nom didiou, quelle première partie !