Le capitalisme sauvage est mort, vive le capitalisme régulé !( ?) © Sylvain Reboul

Publié le 16 octobre 2008 par Levidepoches

De tous côtés la rumeur médiatique enfle : le capitalisme financier se serait suicidé par excès boulimique de ses dirigeants. Partout et d’abord en en son cœur étatsunien, la politique est appelé à la rescousse pour rétablir la capitalisme sur des bases économiques industrielles saines qu’il n’aurait jamais dû abandonner,, au service d’un taux de croissance et de développement durable raisonnable en richesses réelles de quelques %.

Un tel retournement idéologique laisse sans voix ceux-là même qui avait annoncé la crise, sinon pour dire qu’ils l’avaient bien dit et qu’il conviendrait maintenant de réguler le capitalisme pour sauver sa dynamique fondamentale en le socialisant. Mais ils sont en cela accompagnés par ceux-là même qui quelques temps plus tôt disaient que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Plus de conflit entre libéraux hyper et libéraux sociaux. Le libéralisme n’est libéral que par une régulation politique qui rétablirait le jeu normal des acteurs qui suppose la confiance dans la valeur et le crédit que l’on s’accorde les uns aux autres grâce à des institutions politiques capables d’assurer les équilibres économiques et sociaux et à la vertu de dirigeants financiers soucieux de mettre leur compétence supposée au service du bien public en renonçant à faire de leur pouvoir un lieu d’enrichissement privé personnel et collectif illimité.

Face à une crise potentiellement mortelle, cette unanimité plus ou moins honteuse ( voir l’abstention du PS) pour sauver la système, se comprend de par l’absence de toute autre alternative à court terme : il faut sauver de toute urgence le système de crédit et restaurer la confiance sur lequel repose les fondamentaux de toute économie de production et d’échange. Il faut voler au secours des institutions financières par la seule garantie qui vaille : celle des états dont on sait qu’ils ne peuvent être en faillite grâce au pouvoir de lever l’impôt. Il faut d’abord mettre la finance sous perfusion pour seulement ensuite envisager un traitement de fond de sa boulimie délirante. Soigner un malade déjà mort serait une absurdité manifeste.

Mais cette boulimie du profit pour le profit disent les anti-capitalistes patentés n’est -elle pas l’état normal de toute économie capitaliste et l’impérialisme du capitalisme financier que l’on rend responsable de la crise n’est-il pas inscrit dans la logique même de l’économie capitaliste mondialisée ? Certainement, mais la forme de cette mondialisation et l’autonomie exorbitante de la sphère financière qui en est résultée a précisément instauré une dictature économico- politique d’autant plus despotique qu’elle est anonyme et sans lieu de pouvoir centralisé , dictature baptisée par une anti-phrase ultra- libérale, au mépris de toute l’histoire, très conflictuelle sur ce point, de la pensée libérale. Le libéralisme ultra est précisément suicidaire et liberticide telle est la première conclusion que l’on doit tirer de la crise.

Or il y a en a une seconde : cet ultra libéralisme despotique ne peut l’avoir temporairement emporté que parce qu’il a secrété une idéologie anti-politique et que cette idéologie à conquis le pouvoir politique lui-même par la voie formelle de la démocratie en faisant du capitalisme hyper-libéral une extension fantasmatique de la démocratie individualiste.. C’est là que réside précisément le nœud de la manipulation politique du despotisme pseudo-libéral, à savoir avoir su masquer, à coup de fausses promesses libertaires ou libertariennes et en stimulant l’hystérie consommatrice narcissique et compétitive, toute la contradiction irréductible entre la démocratie politique qui vise la solidarité et la réduction des inégalités réelles en vue de la concorde civile et la logique du profit privé en tant que seul but possible de l’économie et de l’idéologie capitaliste. (Travailler et/ou investir plus pour gagner plus comme seul principe de la politique économique et sociale)

Ce qui est en cause dans cette unanimité anti-capitaliste financier que notre gouvernement voudrait voir avalisée par le PS au nom de l’unité nationale c’est bien la délégitimation de cette idéologie politique dite ultra-libérale. Le capitalisme n’est pas démocratiquement légitime, sauf au prix d’un mensonge qui est aujourd’hui défait et sans effet politique. Reste au PS et à tous ceux qui se réclament de la démocratie de proposer une alternative politique qui restitue la légitimité sociale à la démocratie. Or c’est bien là que la bât blesse : l’ultra-libéralisme délégétimé ne suffit pas à restaurer la confiance dans la démocratie parlementaire. Celle-ci subit nécessairement le contre-coup de sa défaite face à l’idéologie ultra-libérale. Sauf à soumettre le capitalisme à des normes sociales plus justes, tout en sachant que ces normes, le capitalisme n’aura qu’un but : les détourner, la légitimité de la démocratie subit le même sort que celle du capitalisme dérégulé. Ce que les citoyens savent d’expérience, c’est que la confiance relative dans l’économie, y compris capitaliste, suppose d’abord la confiance dans la démocratie égalitaire ; or celle-ci ne peut s’imposer que dans un conflit politique et social permanent contre le logique du capital livré à lui-même.

Le capitalisme pacifié est un mythe anti-démocratique. L’économie étatique administrée et anti-libérale ayant conduit et conduisant nécessairement au totalitarisme politique et social, la régulation démocratique internationale du capitalisme sera un combat social et politique perpétuel ou ne sera pas ; il ne laisse aucune place à l’unanimisme national que la droite, toute honte bue au regard du bouclier fiscal et de la quasi-suppression des droits de succession, prétend mener au nom d’un libéralisme régulé afin de préserver la logique et de restaurer la légitimité compromise du profit privé comme seule fin de la vie sociale.

Le capitalisme n’est pas mort, ce qui est mort c’est l’idée d’un capitalisme autorégulé spontanément démocratique

Posté sur : le vide poches / planning stratégique
Posté par : jérémy dumont

Source : cozop