A nos enfants de la marmite, le jour du jarret acidulé est arrivé

Par Estebe

Salut, les patriotes

C’est indéniable, il a un sursaut qualitatif entre l’interprétation de la Marseillaise par Mireille Mathieu (qui est coiffée comme un Playmobil) et celle de Laam (qui est coiffée comme une Barbie). Un petit mieux.
Reste qu’un hymne national, c’est quand même bien moche.
Un hymne national, c'est conçu pour partir se faire dessouder sur le champ de bataille en gloussant.
Un hymne national, c’est mélodiquement naze (faut que tout le monde le retienne) et textuellement con (faut que tout le monde le comprenne).
Bonjour la pompe harmonique et les paroles ringardissimes.
Difficile dès lors de ne pas avoir envie de huer ces insultes à la belle musique. Hu, hu, hu.
Nous, quand on entend un hymne, on le siffle. Tout seul, dans la cuisine. Mais avec entrain.
Inutile de dire que l’on éprouve nulle tendresse pour les supporters de foot, bas du front et kronenbourrés. Mais, on a tout de même un brin rigolé face au déchaînement cocardier, à la fièvre patriotique (Roselyne, impayable!), qui a suivi le petit tohu-bohu au Stade de France. Il parait qu’il y a une crise en marche, autrement plus grave que les sifflets d’une tribune de couillons.
Bon, chantons maintenant:

A nos enfants de la marmite
Le jour du jarret acidulé est arrivé
Contre nous du surimi
L’étendart mijoté est levé

Tiens voilà, un jarret de veau au fenouil, câpre et citron, qui dégorge les bronches et les esprits.


Il vous faut une tranche de jarret par gulu à nourrir, un citron bio (ou plus si famille nombreuse), un gros fenouil (ou plus si famille nombreuse), des câpres petits et gros, du gingembre en poudre, une gousse d’ail et une échalote (ou plus si…), du vin blanc et un doctorat en chant guerrier poussiéreux (facultatif).
Faites fondre l’ail et l’échalote hachés au fond d’une jolie cocotte. Réservez. Faites dorer les jarrets préalablement salés et poivrés. Posez sur la viande l’ail et l’échalote, puis le fenouil détaillé en minces virgules et le citron découpé en tranche. Saupoudrez de gingembre en poudre.
Mouillez de vin blanc jusqu’à mi-hauteur. Ajoutez un peu d’eau. Inutile de submerger le tout. Posez enfin deux brins de romarin sur l’échafaudage. Romarin qu’il faudra virer après une heure de cuisson.


Laissez glouglouter à feu tout doux, deux heures. Cinq minutes avant de servir, balancez une poignée de câpres dans la cocotte. Rectifiez l'assaisonnement, d’une pincée de piment si la glotte vous en dit.
Amenez la cocote sur la table (avec un riz blanc, des cocos bretons ou du couscous). Et laissez votre animalité s’exprimer. Scrountch, scrountch.
Avec ça, on a débouché un assemblage blanc genevois plutôt onéreux, issu d’un domaine adulé par les amateurs, la critique et la diplomatie internationale. Blanc qui nous a paru démesurément boisé, outrageusement parfumé et inélégamment grassouillet. Alcooleux et putassier. Too much, quoi. Pas glop. On en aurait presque entonné la Marseillaise.

Tchou, les rois conjurés