Défilé Michael Kors pap été 09 à New York (USA)
© AFP. Stan HondaPosté sur :le vide poches / marketing
Posté par :jérémy dumont
Plus de 80 stylistes ont profité de la "semaine de la mode" pour défiler du 5 au 12 septembre 2008
Premier des quatre grands rendez-vous bi-annuels du prêt-à-porter (New York, Londres, Milan et Paris), la "semaine de la mode" américaine a défilé sous les tentes de Bryant Park à New York ou dans différentes galeries ou musées de la ville. Des plus confirmés aux étoiles montantes et aux nouvelles têtes, ils étaient tous sur les podiums.
Les
défilés se sont succédé au rythme d'une dizaine par jour mais en dépit
de quelques belles collections, l'atmosphère a été dominée par
l'incertitude. Les experts avaient prédit une "Fashion Week" difficile
à l'heure où la consommation est en baisse et où l'Amérique vit au
rythme d'une campagne électorale historique qui voit s'affronter deux
candidats aux antipodes, de génération et de race différentes. L'impact
de la prochaine "First Lady", qui sera soit la héritière blanche Cindy
McCain, soit l'avocate noire issue des faubourgs de Chicago Michelle
Obama, sera important dans le choix de la garde-robe du
printemps prochain, expliquent les spécialistes.
Des difficultés économiques
Alors que les chiffres d'affaires de la distribution continuent de
dégringoler, deux créatrices, Anna Sui et Nanette Lepore, ont rappelé
aux journalistes, célébrités et acheteuses du monde entier que tout un
quartier de New York, le "district du vêtement" au sud-ouest de
Manhattan, est menacé de disparition sous la poussée de la spéculation
immobilière et de la délocalisation.
"Sauvez le quartier du vêtement", proclamait ainsi le T-shirt qu'Anna
Sui avait choisi d'offrir lors de la présentation de sa collection, un
T-shirt noir que Nanette Lepore portait lorsqu'elle a salué le public à
l'issue de son défilé.
Plusieurs dizaines de milliers d'emplois sont menacés en cas de
fermeture de ces ateliers, déjà réservés au "haut-de-gamme" en raison
de la hausse vertigineuse des loyers à Manhattan ces dernières années.
Seul le luxe prospère, les riches étant toujours plus riches et dans un nombre croissant de pays. Le joaillier américain Tiffany a doublé ses bénéfices à 80 millions de dollars contre 40,5 millions en 2007, selon WWD qui souligne que les ventes en Asie et notamment en Chine ont progressé.
"Cette Fashion week est sans doute la plus difficile que nous ayons vécue depuis longtemps", estime dans une interview à l'AFP John Mincarelli, professeur de marketing et gestion à l'Institut de la mode (Fashion Institute of Technology, FIT). Face à la hausse du prix du carburant, à l'inflation, aux remboursements difficiles de prêts immobiliers et au chômage menaçant des pans entiers de l'économie, les ménages américains font toujours plus le choix de ne pas renouveler leur garde-robe. D'autant que le réchauffement climatique et sa cohorte de conséquences ont fait de la chasse au gaspillage et du recyclage les deux mots d'ordre du nouvel "American way of life".
Certaines chaînes de détail ont déjà tiré des conséquences de la crise, comme l'américaine Ann Taylor, spécialisée dans un prêt-à-porter classique, qui a annoncé la fermeture de 117 boutiques aux Etats-Unis dans les trois prochaines années. "On ne peut pas à la fois faire le plein d'essence et remplir des armoires déjà saturées", souligne John Mincarelli. "La tendance est morte, et tout coexiste, le long, le mi-long, le court, les ballerines et les talons de 12 centimètres", conclut-il.
Sur les podiums
Un des premiers à montrer sa collection, l'Américain d'origine
franco-tunisienne Max Azria
a opté pour un florilège de péplums en crêpe de soie aux teintes unies,
du beige au taupe ou gris, de longs pyjamas en satin rehaussés d'éclats
d'émeraude ou de turquoise et de petites combinaisons-shorts, toujours
drapées, à porter sur des sandales à plateforme ou de vertigineux
talons bicolores.
L'Américaine Erin Fetherston, qui s'est installée
à New York il y a deux ans après avoir étudié la mode et débuté à
Paris, a fait défiler des mannequins éthérés qui portent du pastel
transparent que des bustiers ornés de sequins rendent nacré. Fascinée
par le ciel et les lumières différentes de Paris et New York, la
styliste a voulu évoquer les reflets des nuages dans la Seine puis dans
l'Hudson, dans des tenues rappelant Peau d'âne et sa robe couleur de
lune dans le conte de Charles Perrault.
Hervé Léger, le chouchou du moment de Hollywood et des
starlettes de la télévision, est resté fidèle à ses mini-robes en
élasthanne, faites de bandelettes qui ne cachent aucun détail de la
physionomie, réservées aux femmes de 25 ans qui aiment les deuxièmes
peaux et n'ont pas l'intention de s'asseoir.
Pour le défilé de Diane von Furstenberg,
présidente de l'association des créateurs américains, un florilège de
robes en chiffon du plus court au plus long a été présenté par des
mannequins aux coiffures agrémentées de lacets, rubans et fleurs.
Fidèle à sa réputation, l'"enfant terrible" de la mode américaine, Marc Jacobs,
est apparu à la dernière minute sur le calendrier où il a choisi de
faire scintiller une Mary Poppins à la fois chic et ludique dans une
collection impeccable, bariolée, chatoyante et accessoirisée. Du
galurin aplati en paille brillante, porté sur des lunettes
d'institutrice des années 50, à la sandale en perles rubis ou la large
ceinture drapée remontant sous la poitrine, chacun des 54 modèles a
apporté un foisonnement de détails et de mélanges de tissus et
d'imprimés élégants et jamais dissonants. Si les autres stylistes ont
présenté des collections où toutes les longueurs sont présentes, du
short à la robe longue, et où les genres sont mêlés, chez le créateur
américain les jupes étaient au genou ou à mi-mollet et étroites, et on
n'a vu aucun short. Mêlant créativité et humour dans ce défilé
présenté à l'ancienne armurerie de New York, le styliste, qui outre sa
propre maison de mode est également directeur artistique de la marque
de luxe française Louis Vuitton, a résumé aux journalistes son
objectif: "L'Amérique, Broadway, la naïveté, la féminité".
La Française Catherine Malandrino, installée
depuis dix ans à New York, a remporté les faveurs du public au Chelsea
Museum avec une collection respectant ses credos. Coiffées de petits
chignons portés comme des couvre-chefs, les mannequins portaient des
mousselines transparentes sur fourreaux de satin ivoire, des
robes-bustier couleur menthe à l'eau, des tenues de cocktail en crochet
blanc ajouré, des boléros en cuir beige surpiqués ou des petites vestes
en ottoman marron glacé. La créatrice a repris le motif patriotique qui
avait fait son succès il y a quelques années, et présenté deux tenues
dont l'imprimé représentait la tête de la statue de la Liberté.
La Canadienne Tia Cibani, styliste de Ports 1961,
une marque qui a le vent en poupe, a présenté une collection très
inspirée par sa ville de Vancouver où des "squaws" portant des colliers
ethniques étaient vêtues de vestes à franges et lamelles de cuir, et
défilaient sous les accents "country" d'un groupe canadien présent sur
le podium, les "cowboy junkies".
Ralph Lauren a décidé de fuir dans le désert: sur fond
de moucharabieh, une musique arabe accompagnait 47 modèles partant en
safari ou à la recherche de l'arche perdue. Des hétaïres diaphanes
accompagnaient leurs tenues de harem de parures d'émeraudes, des
touaregs coiffés de turbans sable étaient en sarouals bronze et or, et
des casques coloniaux évitaient les coups de soleil à des beautés en
sahariennes à col officier, la gourde à la ceinture. Jusqu'au clou du
défilé, une femme gazelle tout d'or vêtue, bandeau en lurex assorti.
Pure, originale et inattendue sont les mots qui définissent le style G-Star
qui consiste à exploiter le caractère brut du denim, depuis les débuts
de la marque en 1989. 64 silhouettes, homme et femme, ont introduits
une collection fluide, légère et empreinte d’un style classique où le
blanc prédominé les denims plus bruts. On note des tissus d'été légers
(Soil Denim ultra léger de 7 onces), un denim trois dimensions l'Arc
Pant (taille basse et ample ; les jambes du pantalon s'enroulent autour
de la jambe grâce à des coutures latérales et d'entrejambe retorses),
des jeans Raw Listing en trois délavages et présentant des lisières
rouges ou blanches... Au nombre des incontournables, on peut noter
l'édition spéciale NY Raw (avec des associations inattendues marient
des denims bruts à d'élégants textiles comme des laines d'alpaga et des
soies délicates) et la Correct Line, une nouvelle
gamme qui comprend pantalons, blazers, trenchs et chemises de soirée,
ainsi que des manteaux, vestes en cuir, robes, jupes classiques et tops
ultra-féminins. Tous les produits et toutes les étiquettes sont
estampillés d’un saule.
2 anniversaires pour 2 symboles du lifestyle
Donna Karan a rendu hommage à la ville pour les 20 ans de "DKNY" et Calvin Klein a organisé une fête pour les 40 ans de "CK".
Calvin Klein avait organisé une soirée d'un coût de 3
millions de dollars selon le New York Daily News, sur un tronçon de la
voie ferrée aérienne désaffectée située sur la 10ème avenue, entre les
quartiers de Chelsea et du Meatpacking District. Construite au début
des années 30, la "Ligne Haute" ("High Line") a desservi les usines et
entrepôts de ces anciens quartiers industriels jusqu'en 1980, et est
abandonnée depuis. Selon le Daily News, une partie des 3 millions de
dollars ont été offerts aux "Amis de la Ligne Haute", une association
qui milite pour la transformation de ces 2 kilomètres de chemin de fer
en parc, sur le modèle de la "coulée verte" entre la Bastille et le
Bois de Vincennes à Paris, et dont une première partie financée par la
ville de New York doit être inaugurée en décembre 08. Calvin Klein a
eu recours à l'architecte John Pawson pour créer un espace temporaire
destiné à la soirée avant d'être démantelé, et les structures
doivent être offertes à des organisations à but non lucratif de la
ville. Source : libé next
Donna Karan a projeté une vidéo à la gloire de New
York , où taxis jaunes, Empire State Building et rames de métro
n'empêchaient pas de voir le gigantesque panneau publicitaire "DKNY"
sur un immeuble de Houston Street. Sa collection était sans doute la
plus accessible de ces derniers jours, avec des sarouels gris portés
avec des bustiers en chiffon jaune et gris, d'amples T-shirts rayés sur
mini-jupes à pois, et des petits anoraks en nylon à mettre sur son
maillot en cas de pluie subite. Le tout baskets aux pieds, ce qui
permet d'éviter aux mannequins et aux acheteuses d'inclure la
souffrance au programme de la fashionista.
Le styliste américain estime que le milieu de la mode a énormément
changé depuis ses débuts, dans une interview à l'AFPTV. L'industrie de
la mode est désormais "basée sur la recherche de marchés, une structure
d'entreprise. Il ne s'agit plus seulement de jeunes créateurs
surgissant de nulle part avec des idées. C'est un changement énorme",
a-t-il déclaré en marge d'une conférence qu'il a donnée, en
2008, devant les étudiants de l'Université américaine de Paris.
"Quand j'ai commencé, Wall Street ne prenait pas la mode très au
sérieux. Ils pensaient que ce n'était qu'une affaire d'intuitions, de
caprices, de changements d'une saison à l'autre". Selon lui,
"maintenant, on ne peut pas faire sérieusement de la mode" sans
appartenir à une société cotée en Bourse.
Cependant, il reconnaît qu'il y a "toujours de la place pour quelqu'un
qui débute". "C'est ce qui est formidable dans la mode. Je pourrais
débuter aujourd'hui avec la même quantité d'argent que lorsque j'ai
commencé en 1968. Je sais que je pourrais", a-t-il ajouté. Selon lui,
un créateur qui veut se lancer n'a "pas besoin de beaucoup de
financement. Vous n'avez pas besoin de tout ce dont vous avez besoin
quand vous devenez gros et vous vous développez", a-t-il expliqué.
"Faire simplement quelques beaux vêtements est assez difficile, mais le
monde saura reconnaître si
vous avez du talent ou pas", estime-t-il. Travailler dans la mode est
"rude" et requiert" un engagement entier", souligne Calvin klein. "Il
n'y a pas de manière facile de le faire". "Il faut avoir confiance. Il
faut que les gens croient en vous, vous devez être un leader",
estime-t-il.
Posté par :jérémy dumont