Le tribunal militaire de Moscou a rejeté mardi l'appel de plaignants polonais contre le refus de la justice russe de rouvrir l'enquête sur le massacre de Katyn en 1940, où 22.000 officiers polonais ont été tués par la police secrète soviétique, a rapporté l'agence Interfax.
L'appel avait été déposé par les familles de dix des officiers polonais assassinés à Katyn.
Confirmant les refus en juin et juillet d'autres tribunaux de Moscou de rouvrir ce dossier, le tribunal militaire a fait valoir que les officiers tués, dont les plaignants représentent les intérêts, n'avaient pas été identifiés individuellement au moment de l'exhumation des victimes du massacre de Katyn, qui a eu lieu des dizaines d'années après, a déclaré à Interfax Anna Stavitskaïa, avocate des parties civiles.
La justice russe fait aussi valoir que des "informations classées secret d'Etat" sont en jeu dans cette affaire.
Les victimes, officiers et policiers pour la plupart, mais aussi fonctionnaires ou propriétaires terriens, ont été assassinées sur ordre de Staline.
Ces membres des élites polonaises, abattus pour la plupart d'une balle dans la tête dans la forêt de Katyn (Russie), mais aussi à Kharkiv (Ukraine) et à Mednoïe (Russie), ont été faits prisonniers par l'armée soviétique qui a envahi le 17 septembre 1939 les régions de l'est de la Pologne en vertu du pacte germano-soviétique Ribbentrop-Molotov.
Pendant des décennies, l'Union soviétique a accusé l'armée de l'Allemagne nazie d'avoir commis ces assassinats. Ce n'est qu'en avril 1990 que le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev a fini par reconnaître la responsabilité de l'URSS.
Les familles des victimes polonaises demandaient que soit rouverte l'enquête commencée en 1990, dans les derniers mois de l'URSS. L'affaire a été classée et le dossier déclaré "secret d'Etat" sous la présidence de Vladimir Poutine en 2004.
Cette tragédie a été portée à l'écran par le cinéaste polonais Andrzej Wajda, dont le père est une des victimes du massacre. Le film de Wajda, "Katyn", sélectionné pour un Oscar, raconte l'histoire de ces assassinats à travers le regard des mères, épouses et filles des victimes. Ce film n'est toujours pas distribué en Russie aujourd'hui.