« Aux armes citoyens / Formez vos bataillons / marchons, marchons / qu’un sang impur / abreuve nos sillons ! »
La toute petite voix se tait à présent, et la gamine pas peu fière regarde les enfants qui stupéfaits cessent de creuser le bac à sable. Le silence appuie l’insanité des paroles davantage que le gabarit de la chanteuse mignonne dans son caban bleu à boutons en pâte de verre. Une mère tourne bruyamment la page d’un quotidien, un vieillard penché ajuste un lacet de basket. Le parc aux essences répertoriées est un poumon et retient sa respiration le temps de voir une fillette à peine plus âgée traverser l’aire de jeux les sourcils froncés et envoyer une formidable gifle à la cadette inconvenante.