Séraphine de Senlis

Publié le 15 octobre 2008 par Ohlebeaujour
SÉRAPHINE LOUIS
DITE SÉRAPHINE DE SENLISMusée Maillol du 1er octobre 2008 au 5 janvier 2009
OUVERT TOUS LES JOURS SAUF MARDI ET JOURS FÉRIÉSTél : 01 42 22 59 58 – Métro : Rue du Bac – www.museemaillol.com
Il était d’usage durant la Renaissance de désigner l’artiste par le nom de la ville ou du villaged’où il était issu. Ainsi nous connaissons Antonello da Messina, Léonard da Vinci commes’ils étaient des noms propres. Séraphine a rejoint cette tradition à l’aube du XXe siècle endevenant Séraphine de Senlis ou Séraphine tout court. Humble femme de ménage, elle estdévorée par l’envie de peindre, cette fameuse nécessité intérieure dont parlait Kandinsky àpropos de tout artiste gagné par le vrai désir de création. Or c’est dans cette ville de Senlis,où baigne encore un climat gothique, que l’esthète et collectionneur allemand Wilhelm Uhdedécouvre le talent et la personnalité de celle qui était sa femme de ménage. Uhde eststupéfait par la puissance, l’ampleur et surtout l’intensité qui se dégage des compositionsflorales peintes par Séraphine. Si elle rejoint la famille des peintres primitifs par la manièredont on la désigne, sa peinture entre elle aussi dans ce monde étrange du primitivisme.Uhde voit dans ses oeuvres l’expression du primitivisme moderne, c’est-à-dire la puissancede représenter le monde de l’inconscient libéré de toute école, de tout académisme ou detoute filiation.Séraphine est autodidacte, elle fait ses couleurs elle-même et en conservera le secret. Elleest au seuil entre un art de la pathologie et l’embrasement de son esprit habité par desvisions qu’elle découvre parfois en regardant la rosace de la cathédrale de Senlis lorsquecelle-ci est illuminée par la lumière. Semblable aux populations du haut Moyen Âge quitombaient en adoration face à la clarté des couleurs et des images, Séraphine reproduitdans sa peinture l’incendie qui a enflammé la psyché de générations entières. C’était l’unedes dimensions de son art qui fascinait le regard de Wilhelm Uhde. Il avait vu dans lapeinture du Douanier Rousseau, dont il fut l’un des premiers à comprendre le talent, lamême force d’expression qu’il retrouva chez Séraphine. Uhde lui organisa des expositions etla fit entrer dans l’histoire de la peinture moderne. Sans lui, ses tableaux seraient restésoubliés, accrochés dans quelques études de notaire. N’oublions pas que l’on a découvertl’importance de Georges de Latour qu’à partir des années trente et qu’il fallut attendre la findu XIXe siècle pour isoler Vermeer du reste des petits maîtres hollandais !Le film de Martin Provost* qui retrace les épisodes de la vie tragique, mais oh combienémouvante de Séraphine, est une occasion trop rare d’exhumer un grand artiste de l’oubli.Le musée Maillol qui possède dans ses collections un fonds important réuni par Dina Viernydes oeuvres des cinq primitifs modernes, et tout particulièrement des chefs d’oeuvre deSéraphine, s’associe pleinement à cet événement.Bertrand LorquinConservateur du musée Maillol* Sortie en salle le 1er octobre 2008www.seraphine-lefilm.com