Facebook va mal. Cinq de ses hauts dirigeants ont quitté le navire et, pour inciter financièrement ses salariés à rester, le site de socialisation est prêt à investir ses faibles liquidités dans le rachat d'une partie de leurs actions. S'il ne se trouve pas de nouveaux partenaires, son histoire pourrait se terminer là.
Il est inquiétant de voir des cadres de haut rang abandonner une société évaluée à 15 milliards de dollars (11 milliards d'euros) lors de l'entrée de Microsoft au capital, en octobre 2007, et dont la prochaine introduction en Bourse devait être un événement. D'autant que Dustin Moskovitz, un des fondateurs du site, part lancer un concurrent, spécialisé sur le réseau social au travail. Est-il convaincu que les réseaux de niche, comme LinkedIn, sont plus rentables ?
Pour arrêter l'hémorragie des compétences, Facebook va autoriser les salariés à vendre leurs titres à partir du 1er novembre. Le personnel pourra négocier jusqu'à 20 % de ses actions à un prix qui valoriserait l'entreprise à 4 milliards de dollars. Si Facebook fait jouer sa qualité d'acheteur prioritaire, elle se rachètera elle-même. Si on fait l'hypothèse que les salariés ont 20 % du capital, ce qui est souvent le cas dans les start-up, ce programme coûterait 160 millions de dollars, soit quasiment la moitié des 350 millions de chiffre d'affaires prévus pour 2008. Même si elle n'exerçait pas son option d'achat, la vente de ces actions ne contribuerait pas à rendre le cash-flow positif. Dans tous les cas, ses liquidités s'en trouveront laminées.
Normalement, le recours au marché serait une solution, mais par les temps qui courent, il n'est pas évident de trouver des investisseurs. Facebook est le plus grand réseau social au monde, et il continue de croître rapidement. Mais l'entreprise doit trouver des bienfaiteurs pour pouvoir récolter les fruits de sa stratégie prometteuse. A défaut, elle serait reléguée dans les annales de la Silicon Valley.
LE MONDE