Il y a des messieurs, de Novion-Porcien et de Wasigny, qui ont dû avoir des bourdonnements d’oreilles, lundi après-midi, car leurs noms ont été cités, à l’audience du tribunal correctionnel. Non qu’ils aient eu quelque chose à se reprocher, mais parce que c’est grâce à leurs témoignages, si les gendarmes locaux ont pu enfin « accrocher » pour des faits de proxénétisme, Sébastien Ludwig, 33 ans, que leurs collègues de la BR de Reims soupçonnaient depuis longtemps.
Poursuivi ainsi, pour avoir hébergé chez lui, en 2003, en toute connaissance de cause, une jeune femme roumaine se livrant à la prostitution, il avait fait bénéficier de ses charmes certains habitants de ces deux communes, en les conduisant lui-même au bois, dans sa propre voiture, pour qu’ils usent et abusent de ses talents buccaux et autres…
Ce qui constituait donc déjà, au minimum, une assistance à la prostitution, en soi déjà condamnable, mais aggravée, de surcroît, par le fait que, selon leurs dires, Ludwig avait gagné, si l’on peut dire, à tous les coups, prélevant sa dîme sur chaque « passe » de la dame.
En fait, les témoignages de ces « clients » n’avaient fait que confirmer, pour les enquêteurs, la dénonciation que leur avait faite, de son côté, à la même époque, sa propre compagne, jalouse qu’il ait ramené sa Roumaine avec lui, sous le toit conjugal et tout avait ainsi contribué à ce qu’il fût confondu.
Devant les juges carolomacériens, toutefois, le couple s’étant rabiboché
entre-temps et la prostituée ayant regagné, depuis les faits, les trottoirs de Bucarest sans qu’elle puisse, donc, confirmer ou infirmer les faits, Ludwig a tout nié, la main sur le cœur. Allant jusqu’à prétendre qu’il ne savait pas que la jeune femme en question, dont il s’était amouraché lors d’un voyage dans les Carpates, vivait de ses charmes, alors qu’il la croyait préparatrice en pharmacie !
L’homme étant déjà défavorablement connu, notamment pour des faits liés aux stupéfiants, le tribunal n’a évidemment pas cru un mot de cette fable, le substitut penchant même carrément pour une traite organisée de filles de l’Est, auquel Ludwig, qui s’est rendu à plusieurs reprises en Roumanie, aurait été associé, sans qu’on ait pu en réunir les preuves et requérant, de ce fait, de 12 à 15 mois de prison assortis d’une interdiction de droits civiques.
Mais, les faits remontant maintenant à plus de cinq ans, en raison des lenteurs de l’instruction, l’avocat a joué sur du velours, en faisant valoir que, vu les modestes tarifs (de 30 à 60 euros) pratiqués par sa « gagneuse », pour autant qu’elle l’ait été, Ludwig n’avait été en fin de compte qu’un bien médiocre « julot casse-croûte », ne méritant pas les foudres de la justice.
Au bénéfice du doute ainsi instillé, le proxénète n’a finalement été condamné qu’à cinq mois de prison avec sursis, avec obligation de travailler et de se faire oublier pendant deux ans.
Source : http://www.lunion.presse.fr/index.php/cms/13/article/192663/Le_proxenete_conduisait_les_clients_du_village