On n'est jamais si bien servie que par soi-même

Bon, d'accord, je l'avoue, tout ceci est bien frivole !!! Mais le fait de travailler dans une maison de couture et d'en tirer quelques profits personnels n'empêche pas de se sentir sur un petit nuage, d'autant plus qu'à cette époque le stress ne faisait pas partie de cet environnement professionnel, et je continuais à m'asperger de parfum Fidji, et me vêtir en haute-couture.

Finalement, il m'arrivait de penser :
"on n'est jamais aussi bien servie que par soi-même".
Monsieur Laroche aurait pu en dire autant.

Un de ces soirs où j'étais invitée à une de ces soirées mi-branchée, mi-mondaine, où tout ce beau petit monde se retrouve;
j'étais accompagnée de cet ami qui m'avait donné un coup de pouce lorsque je m'étais présentée chez Guy Laroche;
 il connaissait le couturier.

Pour me rendre à cette soirée, j'avais bien évidemment prospecté le placard aux "nanars" et m'étais généreusement servie, puisque je trônais dans une sublime robe du soir en mousseline bois de rose,  agrémentée d'un somptueux boa en pétale de soie dans des tons assortis, réalisé par le célèbre M. Lemarié, le génial styliste accessoiriste et plumassier de toute la haute-couture parisienne et milieu du spectacle.
Le boa en question n'était pas un "nanar", mais bel et bien un élément de la collection en cours!!

Ce soir là, j'étais plantée devant le buffet, en train de me servir généreusement de caviar, lorsqu'une voie connue m'interrompit.
Je me retournais et à ma grande stupfaction, je vis que mon employeur de couturier me contemplais avec un grand sourire. J'en étais toute confuse, non pas pour ce regard fixé sur ma personne, mais parce que je me sentais prise en flagrant délit , le fait de porter ce fameux boa de collection en cours !!
Finalement M. Laroche rompit la glace, en me faisant remarquer que j'étais très élégante et que cette magnifique tenue m'allait comme un gant. Je lui répondis avec un grand sourire " Guy Laroche Monsieur !!"