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Quelque 40.000 personnes, dont de nombreux Indiens,
ont assisté dimanche place Saint-Pierre à Rome à la proclamation de la première sainte indienne par le pape Benoît XVI, qui a à cette occasion, renouvelé sa condamnation des violences
envers les chrétiens dans ce pays.
Evoquant pendant son homélie, la vie d'Alfonsa Muttathupadathu , Benoît XVI a souligné que
cette "femme exceptionnelle, qui est aujourd'hui offerte au peuple de l'Inde comme leur première sainte canonisée" a vécu dans "l'extrême souffrance physique et
spirituelle".
Née à Kudamaloor, village des environs de Kottayam, Alphonsa Muttathupadathu perdit sa mère jeune et fut élevée par une tante stricte et très pratiquante, selon un proche de la
famille. Très belle, elle reçut plusieurs propositions de mariage mais était résolue à entrer au
couvent et se brula volontairement pour décourager ses soupirants trop pressants. Sa tante accepta alors de l'envoyer au couvent, ce qui permettait aux familles catholiques de s'élever dans
l'échelle sociale et d'éviter le poids de la dot exigée des femmes qui se mariaient. De santé
fragile depuis l'enfance, Alphonsa souffrit de plusieurs maladies jusqu'à sa mort prématurée à l'âge de 36 ans.
Son tombeau, qui se trouve près du couvent clariste franciscain où elle vécut, est peu à peu devenu un lieu de pèlerinage et plusieurs miracles lui ont été attribués, notamment des guérisons de
malades. Le plus grand miracle reconnu par le Vatican est la guérison en 1999 d'un bébé d'un an,
Jinil Joseph, né avec un handicap aux jambes, qui était présent à la messe.
Alphonsa a été
béatifiée en 1986 durant la visite de Jean Paul II en Inde, pays qui connaît depuis deux décennies une montée de l'intolérance religieuse et un regain de nationalisme hindou.
Pendant la messe, le
pape a condamné les violences contre la minorité chrétienne en Inde, qui ont fait 35 morts depuis août, en raison notamment de la passivité des autorités locales. "J'assure les chrétiens
d'Inde de mes prières en ce temps difficile (...) J'appelle ceux qui commettent des actes de violence à renoncer à ces actes et à rejoindre leurs frères et soeurs afin de travailler ensemble à
une civilisation de l'amour", a souligné le pape.
L'incendie d'un demi-millier de maisons et de dizaines d'églises et de paroisses par des extrémistes hindous dans
l'Etat de l'Orissa (est) ont provoqué la fuite de dizaines de milliers de villageois.
"Cette canonisation est très importante pour nous, surtout au moment où nous subissons des persécutions",
a souligné soeur Ceelia, de la Congrégation des clarisses du troisième ordre de Saint François, à laquelle appartenait l'Indienne Alphonsa Muttathupandathu. Venue comme des milliers d'Indiens,
dont de nombreux prêtres et religieuses, de la région du Kerala, soeur Teresa a déploré que "des groupes de criminels et de mercenaires s'en prennent à nous car nous éduquons les pauvres dans
nos écoles, les empêchant de tomber entre leurs mains".
Les cloches de l'église
de Bharananganam, dans l'Etat du Kerala, ont , pendant ce temps, sonné à toute volée pour saluer la canonisation de Soeur Alphonsa, la première sainte indienne. Plusieurs milliers de fidèles se
sont rassemblés pour l'occasion dans cette localité du sud de l'Inde où vécut la religieuse pour assister à la cérémonie retransmise en direct du Vatican.
"En des temps où le mal est tellement présent, il est bon d'assister à des choses comme celle-ci pour
maintenir notre foi", s'est félicitée soeur Kalriparambil, qui a côtoyé Alphonsa. Des messes ont été organisées dans toutes les églises catholiques de cet Etat.
Les chrétiens représentent 2,3% d'une population indienne supérieure à un milliard d'habitants., dont 70% de
catholiques concentrés pour l'essentiel dans le sud et le nord-est du pays.
"L'élévation de soeur Alphonsa aidera les chrétiens à faire face aux agressions dans d'autres régions", a
déclaré le père Joseph Kunnathuparampil.
Force est de constater qu'ils sont particulièrement éprouvés. Espérons que cette canonisation leur donnera du
courage et la force de persévérer dans la foi. Ne les oublions pas.