Illisible PS…

Publié le 15 octobre 2008 par Philippe Thomas

Par son abstention à l’Assemblée nationale sur le plan de soutien aux banques françaises, le Parti socialiste n’en finit pas de se rendre illisible, voire ridicule, aux yeux de l’opinion publique. Et Copé n’a pas tort de dire à l’adresse du PS “l’abstention, c’est pour moi la négation de l’engagement politique”. Pourtant, nul au PS ne désapprouve vraiment ce plan (quoi proposer d’autre ?) mais en ne le votant pas, le PS en laisse sottement le seul bénéfice politique au seul Sarkozy. Seul un député PS, Olivier Dussopt, et les radicaux de gauche ont voté pour.

Cette erreur politique et stratégique, qu’évidemment toutes sortes d’arguties verbeuses tenteront de justifier (sur le thème : ne pas donner l’air d’approuver la néfaste politique de la droite…), s’inscrit dans une déjà longue série dont chaque étape est un signe du décalage entre le PS et les attentes de l’opinion publique. Il y eut d’abord, lors de la première réunion du Congrès, l’approbation par les députés et sénateurs socialistes du traité de Lisbonne (à de rares exceptions près) suivant la position du parti. Ceci revenait à se rendre complice d’un tour de passe-passe, pour ne pas dire une tricherie consistant d’abord à s’asseoir sur le résultat du référendum sur le projet de TCE, puis à changer les règles du jeu en proposant à la seule représentation nationale (et non plus au suffrage universel) d’approuver un texte dont le contenu n’avait pas changé. Le PS se rendait là complice de la droite, ni plus ni moins.

Le Congrès réuni pour la Réforme de la Constitution allait donner lieu à une nouvelle pantalonnade illogique. Ladite réforme proposée par la droite allait pourtant sur bien des points dans le sens de propositions depuis longtemps avancées par la gauche (plus de pouvoirs au Parlement entre autres). Plus de deux français sur trois approuvaient cette réforme selon divers sondages. Que croyez-vous qu’il arriva ? Le PS vota contre, à la notable exception de Jack Lang qui l’approuva comme les élus radicaux.

Poursuivons avec le Revenu de Solidarité Active (RSA) financé par une taxation de 1,1% sur les mouvements de capitaux et défendu par Martin Hirsch. Là-encore, abstention du PS prenant pour argument l’exitence d’un certes très contestable bouclier fiscal, alors qu’une fraction de la droite désapprouvait la manière dont serait effectué le financement du RSA. C’était pourtant une mesure fort progressiste, à la réserve près du bouclier fiscal, et dont on regrette bien que personne n’y ait songé sous le gouvernement Jospin par exemple…

Tant de votes contradictoires avec ce qu’on penserait spontanément relever de l’arsenal politique de gauche, ça commence à faire beaucoup. La stratégie du PS, s’il en a vraiment une, est aussi indéfendable que sa ligne politique semble invisible. Tout le monde au PS semble être le nez dans le guidon en vue de l’étape pour le congrès de Reims, étape que beaucoup prennent sans doute pour le but ultime. En attendant, il se rend encore plus illisible aux yeux de l’opinion publique et des électeurs… PS = Parti suicidaire ?