Le fantôme de la Maison-Blanche

Publié le 14 octobre 2008 par Hugo Jolly

Le fantôme de la Maison-Blanche

• Voilà trois jours, le vendredi 10 octobre, le monde était toujours ébranlé par l’impact de la crise financière de Wall Street. Impossible de calculer les millions de dollars en papier-monnaie que la Réserve fédérale a injectés dans les finances mondiales afin que les banques continuent de fonctionner et que les épargnants ne perdent pas leur argent.

Les ministres des finances du Groupe des 7 ont décidé d’appliquer les mesures suivantes :

1- Prendre des mesures décisives et utiliser tous les outils à notre disposition pour soutenir les institutions financières d’importance systémique et empêcher qu’elles fassent faillite.

2- Prendre toutes les mesures nécessaires pour débloquer le crédit et les marchés monétaires et pour assurer que les banques et les institutions financières aient un accès large aux liquidités et aux capitaux.

3- Faire en sorte que nos banques et nos autres intermédiaires financiers majeurs puissent, quand c’est nécessaire, lever des capitaux de sources publiques comme privées, en des montants suffisants pour restaurer la confiance et leur permettre de continuer à prêter aux ménages et aux entreprises.

4- Faire en sorte que nos programmes nationaux respectifs de garantie des dépôts bancaires soient robustes et cohérents, de manière à ce que nos petits déposants puissent continuer à avoir confiance dans la sécurité de leurs dépôts.

5- Prendre des décisions, lorsque c’est approprié, pour relancer le marché secondaire de la dette hypothécaire…

Ce même jour, le secrétaire étasunien du Trésor confirmait que son gouvernement achèterait des actions bancaires, rejoignant ainsi l’initiative britannique. Les USA et la Grande-Bretagne ont indiqué qu’ils achèteraient des actions privilégiées, autrement dit celles qui sont les premières à toucher des dividendes, mais sans droit de vote.

Le président Bush n’a pas jugé bon d’assister à cette réunion des ministres des Finances, qu’il a rencontrés le lendemain. Où était donc, le vendredi 10 octobre, le chef d’Etat le moins populaire dans l’histoire des USA, soutenu par à peine 24 p. 100 des citoyens ? Rien moins qu’à Miami, à un meeting de collecte de fonds au profit des candidats républicains de la Floride.

Au terme de son ténébreux mandat de huit années à la tête de l’Empire, il s’enferre tel un maniaque dans son obsession anticubaine. Il n’a même pas pu compter sur le soutien de la Fondation nationale cubano-américaine, que Reagan avait pourtant fondée pour mener sa croisade contre nous.

Par pure démagogie, la FNCA lui a demandé publiquement de lever à titre provisoire les prohibitions pesant sur les envois directs d’aide aux familles et aux sinistrés des deux cyclones destructeurs qui ont frappé notre peuple. Raúl Martínez, ancien maire de Hialeah, rival du législateur Lincoln Díaz-Balart, a critiqué la politique menée par celui qui, bien qu’ayant obtenu moins de voix à l’échelle nationale que son adversaire, a été élu président par fraude grâce à l’importance de la Floride dans le décompte des voix électorales, alors qu’il n’y avait même pas la majorité.

L’Union européenne, dont le président en exercice est la France, a décidé le dimanche 12 octobre de demander aux Etats-Unis une réunion au sommet pour « refonder le système financier international », selon ce qu’a déclaré le président Nicolas Sarkozy, au terme d’une réunion des pays de l’Eurogroupe à Paris.

Sarkozy a affirmé que l’Europe devait s’unir à présent aux Etats-Unis et à d’autres puissances pour s’attaquer à la racine aux causes de la crise financière qui a fait sombrer les marchés boursiers.

« Nous irons convaincre nos amis américains de la nécessité d’un sommet international pour refonder le système financier international », a déclaré Sarkozy. Ce ne sera pas un cadeau aux banques, a-t-il insisté.

Le président des Etats-Unis, George W. Bush, entre aujourd’hui dans ses cent derniers jours, sous le coup d’une impopularité record et de l’une des crises économiques les plus graves des dernières décennies.

De son côté, le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, a critiqué aujourd’hui le FMI pour avoir fait des pays avancés des modèles à suivre, affirmant que leurs règles ne devraient plus primer dans la réforme à venir du système financier.

« Le monde assiste sans y croire à la crise actuelle qui révèle les graves faiblesses et erreurs de la politique de pays qui étaient considérés comme des modèles, qui étaient présentés comme des références en matière de bonne gouvernance », a affirmé Mantega devant le Comité monétaire et financier international, le principale organe de direction du FMI.

Face à une économie mondiale qui s’en va à vau-l’eau, le président des Etats-Unis, installé à ce poste d’une façon si irrégulière et si irresponsable, a mis dans le pétrin tous ses alliés de l’OTAN et le Japon, son partenaire militaire, économique et technologique le plus riche et le plus développé dans le Pacifique.

Miami est aujourd’hui un panier de crabes, et Bush est devenu un fantôme.

Si les bourses ne se sont pas effondrées davantage, c’est parce qu’elles ne pouvaient pas tomber plus bas. Aujourd’hui, elles soufflaient, ravies de ces injections d’argent colossales qui les ont regonflées artificiellement aux dépens de l’avenir. L’absurde ne peut toutefois s’éterniser. Bretton Woods agonise. Le monde ne sera plus jamais le même.

Fidel Castro Ruz
Le 13 octobre 2008
17 h 20 •

http://www.granma.cu/frances/2008/octubre/mar14/REFLEXIONS-14oct.html

(Traduction Esti)