Les expats m'invitent à « un concert de musique » dans un village voisin où il ne se passe jamais rien. Quel genre ? Ulf a dit que ça serait bon. Beh… Je dis oui. On y va. Blues ? Heavy Metal ? Country ? Valse-musette ? On sait pas. Ulf dit que ça sera bon. Ulf est chef d'orchestre et joue du flamenco. Nous quittons Sauve pleins d'espoirs (et de craintes).
L'événement a lieu dans une petite église, à quelques kilomètres. Nous roulons dans la voiture-à-l'envers du fantastique photographe Britiche, qui louvoie savamment entre vallons et reliefs. Nous arrivons. Portières, clac-clac. Nos pas dans la pierraille. Un chien jappe au loin. La lande est bleutée du soir qui la ceint. Nous grimpons le parvis de la chapelle.
Aussitôt, c'est clair, le coup de chance inouï. Les Lahiri père et fils, là, en personne. À trois mètres. Rigolards, légers, jouissifs. Moment mémorable pour une poignée d'heureux élus. Instant de grâce et de maîtrise. De simple beauté. Nous ressortons entièrement ressourcés.© Éric McComber