Grâce à Bruxelles, comme dans Blanche Neige, vos enfants pourront manger des pommes empoisonnées.
Grâce à Bruxelles, ils pourront demain se poser aussi des questions sur leur laboratoire médical, et bientôt sur leur dentiste.
Sous la pression communautaire, le gouvernement français s'apprête à autoriser l'entrée de groupes financiers au capital des laboratoires d'analyse médicale. Aujourd'hui, seuls des biologistes
peuvent posséder des laboratoires.
"Aujourd’hui, les sociétés d’exercice libéral de biologie médicale – dont la forme existe depuis 1990 – doivent être possédées à 75 % par des biologistes. Ce fonctionnement, qui garantit
l’indépendance des professionnels, constitue également un gage de qualité de l’exercice et des soins. Dans les SEL de chirurgiens-dentistes, seuls les professionnels de santé peuvent être
associés. Au sein même des professionnels de santé, la profession sélectionne rigoureusement ceux qui peuvent prétendre à la qualité d’associé. Il existe ainsi pour certains professionnels de santé
une interdiction totale d’être titulaire de parts ou d’actions des SEL de chirurgiens-dentistes (médecins spécialistes en stomatologie, en oto-rhino-laryngologie, en radiologie ou en biologie
médicale et des pharmaciens, masseurs kinésithérapeutes et orthophonistes). "
Ceci conduit à l'existence de 3900 laboratoires privés en France, contre 200 en Allemagne.
Si les ordonnances que prépare le gouvernement de Sarkozy passent, ces labos seront rachetés un à un par des fonds de pension et des groupes qui, en toute hâte, les transformeront en machines à
faire plus de fric - avec votre santé.
Le risque est bien résumé sur le site de l'ordre des chirurgiens dentistes :
l’Assemblée nationale a enregistré, le 19 juin dernier, une proposition de résolution d’Alain Bocquet, député du Nord, visant à la création d’une commission d’enquête sur les menaces résultant
de la pression de la Commission européenne à ouvrir les capitaux des SEL de santé à la concurrence. Dans l’exposé des motifs de cette commission, composée de 30 membres, les graves dangers pour
la santé publique qui résulteraient de l’ouverture du capital des SEL de biologie médicale, identifiés par le Conseil national sont repris : création de groupes dominants ;
détournement d’une partie des ressources de l’assurance maladie au profit d’investisseurs extérieurs (fonds de pensions étrangers ou internationaux, fonds souverains…) soucieux uniquement
de maximiser leurs dividendes ; ingérences dans l’organisation des soins ; aggravation des inégalités d’accès aux soins dans les zones peu attractives ; disparition progressive
de l’exercice libéral des professions de santé ou encore risque d’utilisation des données individuelles de santé par des assureurs ou des banques appartenant
aux groupes investisseurs.
Et ce ne sera que le début. Comme l'écrivent les biologistes :
"cette réforme, c’est aussi l’utilisation de notre corporation comme « testeur » d’un système ultralibéral qui pourrait s’étendre insidieusement à l’ensemble des
professions libérales de santé. Cette démarche transformerait à terme une partie de notre système de soins en une grande course à la rentabilité et à la productivité, notions tellement
éloignées des principes de Santé Publique pour lesquelles nous œuvrons."
Quelques députés ont tiré la sonnette d'alarme, apparemment plutôt au PC et au PS (toujours sur le site de l'ordre des dentistes). Il me semble
que la mobilisation gagnerait à être plus générale.
Dans une lettre ouverte au président de la République, les laboratoires expliquent que ces projets de libéralisation du capital des laboratoires médicaux sont menés "à la demande de la
Commission européenne, elle-même mobilisée initialement par de grands groupes financiers".
Miette après miette, l'Union européenne poursuit son travail de déconstruction du système social français -certes perfectible - au bénéfice du culte du marché. On peut faire semblant de ne
pas voir le paysage d'ensemble que l'Union dessine peu à peu, et continuer à regarder ailleurs. Il devient pourtant de plus en plus clair que le seul moyen de recouvrer un fonctionnement
démocratique est de sortir de l'Union européenne. Au plus vite.
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La santé aux enchères.