Le Makruk est un jeu d'échec thaïlandais dont les origines seraient liées au Chaturanga*, un jeu indien datant du sixième siècle. Populaire en Thaïlande mais également au Cambodge, le Makruk compterait à ce jour deux millions de joueurs rien qu’en Thaïlande. Selon certains vestiges découverts dans les temples d’Angkor, le jeu daterait au moins du 12ème siècle. En réalité, ses origines probables remonteraient au premier siècle après Jésus-christ, époque à laquelle la culture indienne s’est répandue à travers l’Asie du sud-est par le biais de marchands d’épices Tamouls venus de Ceylan et d’Inde, particulièrement sous la dynastie Chola.
Ils fondèrent de nombreux royaumes imprégnés de culture indienne dans toute l’Asie du sud-est, y laissant des traces nombreuses : temples, traditions religieuses, écriture, mais également jeu d’échecs à travers le Chaturanga. Un autre mythe fondateur prétend que le Rama envahissait la ville de Lanka, dirigée par le roi démoniaque Ravana. Son épouse Montho, voyant que Ravana était très investi dans le combat, conçut un échiquier représentant le champ de bataille, avec les éléphants, la marine, l’infanterie et, bien entendu le roi, le Les Indiens l’appelèrent Chatruong. Autour de l’an 350, un souverain indien belliqueux, qui était mécontent de ne plus trouver de nation contre qui faire la guerre, consulta un noble nommé Sassa qui modifia le Chatruong. Le jeu se joua désormais uniquement entre 2 personnes, et plut tellement au roi que celui-ci devint pacifique.
Les premiers états fondés par les Khmers – Funan et Zhenlma - tombèrent sous la domination de Java vers 700. On suppose donc que les échecs parvinrent au Cambodge via Java. Les Thaïlandais migrèrent de la Chine vers le 10ème siècle et fondèrent plusieurs royaumes. En 1431, ils capturent Angkor et assimilent le royaume Khmer. Ils ont probablement appris les échecs des Cambodgiens, étant donné la ressemblance entre les échecs cambodgiens et thaïlandais. L’origine du mot Makruk est par ailleurs fort simple : « Mak » désigne le jeu en thaïlandais et « Ruk » viendrait du Cambodgien « Ruk » ou « Ouk » qui veut signifie échecs. Makruk désigne donc simplement le jeu d’échec. Il n’était pratiqué que dans les lieux publics tels que temples ou clubs. Aujourd’hui, ce n’est bien évidemment plus le cas. Par ailleurs, Il est dit que les meilleurs joueurs de Makruk se trouvent dans les temples. Le jeu est encore pratiqué durant des évènements religieux, toute la journée, voire toute la nuit.
Le Makruk est probablement la version la plus proche des échecs indiens. Il présente de nombreuses similitudes avec le Sittuyin, joué en Birmanie, bien que ce dernier paraisse plus évolué. La forme bombée des pièces semble provenir d’une tradition visible dans les temples d’Angkor. Seul le cavalier a une forme connue. Les ressemblances sont fortes avec les échecs malaisiens, ce qui renforce les liens entre le Cambodge et la Malaisie-Java. Un bateau est utilisé en guise de tour. Il semble que cela soit également le cas en Inde du sud et au Bengale ainsi qu’à Java. Les bateaux seraient arrivés en Inde vers 1500 pour remplacer le chariot. Le fait d’utiliser un éléphant (le fou) est caché autant dans le nom que dans la forme de la pièce. En effet, durant les conflits, les nobles étaient assis sur le dos des éléphants qui étaient donc les piliers de l’armée. Le mouvement de l’éléphant, commun à celui du général d’argent du Shogi, rappellerait les quatre jambes ainsi que la trompe de l’animal. La règle selon laquelle les pions ne démarrent qu’à la troisième rangée est due au fait qu’il fallait accélérer le jeu original. Au final, on voit que nombre de règles du Makruk puisent leur source dans le Shogi, ce qui est tout à fait plausible au vu des routes commerciales maritimes qui reliaient le Japon à l’Inde.
Les règles du jeu
Le Makruk se joue à deux, la durée d’une partie est d’environ une heure. Les pièces sont les suivantes :
Le pion « bia » bouge et prend de la même façon qu’aux échecs mais ne peut franchir deux cases au premier tour. Lorsqu’il atteint la zone adverse (les 3 dernières rangées), il devient une dame (celle du Makruk, non pas celle des échecs).
La tour « rua » est identique à celle des échecs.
Le cavalier « ma » est identique à la pièce des échecs.
Le roi « khun » est également identique à la pièce des échecs.
L’archevêque « khon » ou « thon » occupe la place du fou. Il évolue comme le général d'argent au Shogi.
La dame « met » bouge d’une case en diagonale.
Les conditions de victoire sont les mêmes qu'aux échecs, c’est-à-dire obtenir l’échec et mat. La grande différence réside dans la règle de décompte qui peut conduire à l’égalité.
Le comptage commence lorsque l'un des deux joueurs n'a plus que le roi en jeu. Si la partie ne s’achève pas avant la fin du décompte, il y a alors match nul.
On compte en fonction du nombre de pièces de l'adversaire, de cette manière :
• au moins deux tours : 8 tours
• au moins une tour : 16 tours
• au moins deux archevêques: 22 tours
• au moins deux cavaliers : 32 tours
• au moins un archevêque : 44 tours
• au moins un cavalier: 64 tours
• au moins la dame: 64 tours
On soustrait ensuite à ce décompte le nombre de pièces dont dispose le joueur qui en possède le plus (qui est donc en position de force). Si une pièce du joueur en position de force est prise, le décompte n'est pas réinitialisé.
Rubedo
* Lire l’article consacré à ce jeu
Sources et approfondissements (en anglais) sur
> history.chess.free.fr
> wikipedia