Certes, près d’un quart des Français actifs travaillent le dimanche au fil des multiples dérogations qui touchent des secteurs d’activités particuliers. Pour autant le dimanche n’est pas pour les français, contrairement ce que l’on voudrait faire croire un jour ordinaire. Très habilement, le gouvernement a commencé ce week-end l’offensive médiatique en s’appuyant sur un sondage présenté comme apportant la preuve de l’ouverture d’esprit des Français en la matière.
Selon un opportun sondage Ifop Publicis Consultants publié dans le JDD, 67% des Français seraient favorables au travail dominical. Comme souvent dans le cas d’un sondage il faut s’intéresser à la question posée. En l’espèce celle retenue était plutôt ambiguë : « Travailler le Dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ? » Les 67% de réponses positives sont constituées par les 17% qui ont répondu « oui, toujours » et les 50% qui ont fait le choix de « oui, de temps en temps ». Sur un échantillon de 1003 personnes rien de bien parlant en fait.
Face à une économie en panne et un pouvoir d’achat en berne, Nicolas Sarkozy ne démord pas de son offre du travailler plus pour gagner plus. L’assouplissement de la réglementation sur le travail dominical se ferait sur base du volontariat, avec des salariés payés double. Séduisante au départ, l’idée bute sur un certain nombre d’obstacles.
Les petits commerces s’estiment menacés de mort par une ouverture profitant essentiellement aux grandes surfaces, les syndicats remettent en cause le libre choix des salariés et des économistes restent dubitatifs sur les prétendues vertus économiques du dimanche travaillé, les français ne pouvant dépenser ce qu’ils n’ont pas dans le porte monnaie, peu importe le jour.
La polémique ne fait que débuter. Dimanche, le secrétaire d’Etat à la Consommation, Luc Chatel, avançait pour sa part dans le Journal du dimanche que, « partout où les magasins ouvrent le septième jour, l’activité a été favorisée ». Sur France 2, Xavier Bertrand, ministre du Travail, estimait lui sur la base du sondage Ifop « que les esprits sont en train d’évoluer ». Les deux membres du gouvernement lors d’une visite dans un centre commercial à Thiais dont des enseignes ont bénéficié de dérogations contestées en justice par des syndicats, ont dénoncé ce qu’ils dénoncent comme « l’absurdité » de la législation actuelle. Ce faisant, Xavier Bertrand, confirme la volonté du gouvernement français d’assouplir la législation régissant le travail dominical avant la fin de l’année.
La réaction la plus vive est cependant venue de la CFTC dont le secrétaire général adjoint présent au centre commercial de Thiais s’est indigné que “deux ministres viennent soutenir des délinquants économiques”. Joseph Thouvenel s’est déclaré totalement opposé à l’assouplissement des règles du travail dominical en affirmant que “le salarié n’a pas la liberté de choisir” et qu’il s’agit d’un modèle de société “dépassé”. « Plutôt qu’un coup médiatique, on aurait préféré un débat de fond car c’est un vrai choix de société, est-ce qu’on veut une société à l’américaine alors qu’ils nous ont démontré leur faillite économique? ».
L’émoi des travailleurs chrétiens est d’autant plus légitime que les coups de canif portés au repos dominical le sont par un président qui, il y a peu, défendait dans le fameux discours du Latran les valeurs chrétiennes et la place de la religion dans la vie publique.
© Henry Moreigne pour Intalk.fr