Qu’il est cruel de redevenir un citoyen ordinaire !!!
Avant se rendre à la convocation des juges, Jacques Chirac s’est fendu d’une tribune explicative dans Le Monde. Au nom de plus élémentaire dignité, peut-être aurait-il mieux fait de s’abstenir…
Il faut au moins reconnaître une chose à l’ancien président de la République, il est resté fidèle à l’un des adages sur lesquels il a bâti sa carrière : "plus c’est gros, plus ça passe". Il faut effet, il faut une superbe dose de culot (ou de mépris de ses concitoyens) pour oser affirmer : "conformément à l'idée que je me fais des exigences qui s'imposent à un responsable politique, j'ai, dès la fin du second mandat que m'ont confié les Français, fait savoir au magistrat chargé du financement du Rassemblement pour la République que j'étais à sa disposition pour répondre aux questions qu'il voudrait me poser. Je ne vois rien là que de très normal et de conforme à la conception qui a toujours été la mienne des principes républicains". Mais le plus beau reste à venir, en se prenant pour un mélange de vieux sage et de prof de collège, Jacques Chirac assure vouloir "éclairer les Français la question du financement de la vie politique, devenue avec le temps de plus en plus incompréhensible, notamment pour les plus jeunes de nos concitoyens". Force est de reconnaître qu’en matière de financement de parti politique, il en connaît un rayon, notamment du coté obscure. Après s’être défendu sur l’air du "tout le monde le faisait" puisque durant la "période antérieure à la loi de janvier 1995, marquée par l'explosion des besoins et par l'inadaptation de règles parcellaires, que remontent ce que l'on a appelé les affaires de financement des partis politiques. Elles ont concerné toutes les formations, de gauche comme de droite", Jacques Chirac en arrive à son moment de bravoure en essayant de se faire passer pour homme qui a assaini le financement de la politique française. Ainsi il se vante d’avoir, "avec le président Mitterrand, nous avons fait adopter, le premier des trois textes" réglementant ces pratiques en 1988. Mieux en sa "qualité de président du Rassemblement pour la République, [il a] souhaité, dès 1984, la création de la société de développement et de publicité dont l'objet était de garantir la transparence du financement du mouvement. Et, [a] voulu, d'une manière générale, que soient abandonnés les usages anciens". Belle preuve d’autorité sur ses propres troupes, qui auront mis plus de 10 ans à stopper leurs pratiques illicites (Alain Juppé notamment a payé pour le savoir…) !!!
Avant peut-être un épilogue judiciaire qui sonnera la troisième mort du chiraquisme, que l’on pourra alors espérer définitive, la pathétique justification de l’ancien président de la République vient une nouvelle fois confirmer que 12 ans durant il a endossé des vêtements trop grands pour lui… Et que tant par son action (ou plutôt son absence d’action) politique, que par son absence de morale et d’éthique, il a rabaissé à un niveau jamais atteint la fonction présidentielle. Après lui, qui peut encore douter d’une nécessaire réforme des institution (pas forcément celle voulue par Nicolas Sarkozy, cela va sans dire) pour, tel Hercule face aux écuries d’Augias, nettoyer à grandes eaux la fange chiraquienne qui colle à la Constitution ???
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Financement politique : ce que je veux dire aux Français, par Jacques Chirac
LE MONDE | 19.07.07
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