Certains pays ont racheté les créances douteuses de leurs banques, d'autres leur ont accordé des prêts, d'autres encore sont entrés dans leur capital. Dans l'immédiat on aura socialisé les
pertes, en espérant qu'elles pourront être privatisées à court ou moyen terme. Peut-être aurait-il fallu, comme certains commentateurs - et certains parlementaires américains du camp
républicain - le suggéraient, ne rien faire du tout et laisser au marché le soin de résoudre ce que l'excès de régulation avait provoqué (voir mes articles Le marché du crédit hypothécaire perverti par l'interventionnisme et Prix unique des calamités interventionnistes: 700 milliards de dollars ).
L'interventionnisme est un tel écheveau que Vincent Bénard évoquait une troisième voie entre le plan Paulson et la faillite pure et simple des banques "fautives", en réalité poussées à la
faute (voir mon article La troisième voie que proposait Vincent Bénard au lieu du plan Paulson ). Il s'agissait de trouver
un terrain d'entente entre débiteurs et créanciers en s'asseyant autour d'une table, une partie des créances étant convertie en actions, qu'auraient détenu les créanciers. L'avantage de
cette solution était que les contribuables n'auraient pas été obligés de mettre la main à leur porte-monnaie et que des liquidités en auraient résulté pour lesdites banques, quitte à
forcer un peu la main des créanciers, pour ne pas perdre de temps.
Le même Vincent Bénard, faute de mieux, trouvait des vertus dans le plan de sauvetage britannique ( ici )en
comparaison du plan Paulson, puisque certes l'Etat intervenait, mais que cette intervention ne devait être que momentanée et permettre d'échelonner le remboursement des sommes avancées,
résoudre un problème de liquidités et non pas de solvabilité. Il s'agissait en quelque sorte d'une intervention temporaire, qui ne serait pas à fonds perdus. Ce qui ne pouvait que rassurer
le contribuable britannique.
On ne saura jamais si les annonces de sauvetage n'ont pas eu l'effet inverse de celui escompté, c'est-à-dire si elles n'ont pas créé la panique comme je le suggérais le 6 octobre. Mais ne
voulait-on pas la créer justement cette panique en dramatisant ? Certains, tels que Jacques Garello, le pensent. Il se serait agi de justifier un interventionnisme destiné à réparer les
dégâts commis par ... un autre interventionnisme. L'économiste, qui préside aux destinées de l'ALEPS, pose des questions pertinentes mais qui risquent de fâcher ( voir son article en
date du 6 octobre et situé dans les archives des édito sur le site de Libres.org ici ) :
"Et si les libres transactions sur le marché étaient finalement capables de digérer la "crise" ? Et si la crise n'était en fait qu'une turbulence financière, sans trace durable sur l'économie
mondiale ? Et si la dramatisation ne devait rien au hasard, mais avait pour mobile la réhabilitation de l'Etat, du dirigisme, de Roosevelt et de Keynes ?".
Avant même que les marchés financiers ne se calment durablement, il faut donc dire la vérité et ne pas mettre sur le dos du marché ce qui est imputable à la régulation. Car
l'origine de la crise n'est pas celle que les media répètent inlassablement pour mieux la faire entrer dans le crâne des cochons de contribuables. La crise vient comme le rappelle Guy
Millière ( ici ) de la politique menée par le gouvernement américain, sous des présidents
démocrates.
A ce moment-là le gouvernement américain "a mené une politique "sociale" contraignant les banques à accorder
des prêts à des gens à faibles revenus, et ces prêts étaient garantis par des organismes très proches de l'Etat et surveillés par l'Etat. Si c'est cela le libre marché dérégulé, c'est que je
ne connais plus le sens des mots". Le malheur est que "nul n'a osé remettre en cause" cette
politique, comme le reconnaît Guy Millière. J'ajoute : y compris George W. Bush, cher à Guy Millière.
Une fois que la tempête sera passée, après la correction, il faudra vite revenir au marché et renoncer pour de bon à tout interventionnisme. Le marché n'est pas la caricature qui en est tracée
ici ou là dans les media. Dans un article paru ce jour, Jacques Garello met les choses au point à ce sujet toujours sur le site de Libres.org en réponse au pitoyable édito de
Favilla dans Les Echos du 7 octobre ( ici ) :
"Le marché, (...) d’après son nom même, est accord, contrat, échange volontaire. Passer un marché, c’est concilier des intérêts apparemment opposés mais qui mettent finalement en œuvre la
diversité des talents, des moyens et des goûts. Le marché est pouvoir de choix. Le marché est transformation d’un conflit en harmonie (« catallaxie »). Le marché est un processus de
découverte, révélant les préférences de personnes libres à travers les indicateurs des prix et des profits, coordonnant des millions de plans individuels".
C'est seulement par le retour au marché que seront évitées des corrections plus fortes encore que celle que nous
sommes en train de subir et dont l'interventionnisme est reponsable, n'en déplaise à Favilla. Avec l'interventionnisme, bonjour les dégâts !
Francis Richard