Qui se soucie de moi ?

[oh oh oh oh… oh oh oh…mille cœurs debout… oh oh oh…]

(oui, c’est Cali qui me prévient que je reçois un coup de fil)

« MC, c’est maman, je suis en bas de chez toi, je peux passer te porter un truc ? »

« Ben euh… oui »

Ce n’est même pas la peine que je sorte ma boule de cristal pour savoir ce qu’elle peut m’apporter : Queen Mum a tendance à dévaliser tous les magasins de fringues des environs pour MiniBri et je suppose qu’elle a encore fait flamber sa carte bleue…

Et bien, là, j’ai partiellement tort : ce ne sont pas des habits, mais des boucles d’oreilles qu’elle a trouvé pour ma fille. Ma fille est aux anges : avec des nounours aux oreilles, elle va pouvoir faire sa star ! Elle en embrasse même ses nouvelles boucles d’oreilles…

« Et puis, j’ai aussi pensé à toi, tiens… »

Oh, moi aussi, j’ai le droit d’ouvrir un cadeau… Oh, une montre !!! Et trop belle, en plus… Ma mère s’est souvenue que j’avais perdu ma montre (non, je n’ai toujours pas retrouvé ma montre que j’ai tellement bien rangé en me disant que je ne me souviendrai jamais que je la mettais là… Effectivement, je ne m’en rappelle pas !). Ca me fait vraiment plaisir ! Une petite attention, comme ça, sans raison. Enfin quelqu’un qui a pensé à moi et qui m’a écouté quand je me plaignais de ne pas retrouver cette foutue montre…

Ca m’a vraiment fait quelque chose. Et je me suis rendue compte que ça faisait des années lumières (oui, rien que ça !) qu’on ne m’avait pas fait un petit cadeau, comme ça, sans raison. Ca fait longtemps que personne n’a eu une petite attention pour moi, comme ça, sans motif particulier. Et ça me manquait…

Ces petits riens qui montrent que quelqu’un a pensé à vous, je n’en ai pas eu de puis des un certains temps, voire un temps certain. Oui, ma fille pense à moi. Oui, mes élèves pensent à moi, mais dans l’espoir que je sois absente. Oui, mes ami(e)s pensent à moi. Mais, parfois, on a besoin de choses plus ou moins concrètes pour en avoir pleinement conscience. Des témoignages, des petits cadeaux offerts sans autre raison que celle de faire plaisir à la personne qui les reçoit, je n’en ai plus eu depuis très longtemps ; bien avant même ma séparation d’avec le père de MiniBri, d’ailleurs.

Et pourtant, dans un couple, ça fait partie des choses qui comptent. Savoir que l’autre a pensé à vous en voyant une rose ou une fleur des champs sur le bord de la route, une fringue ou un livre, ou juste parce qu’il vous a laissé un petit mot ou un message pour vous dire qu’il pensait à vous, c’est important. Dire à quelqu’un qu’on l’aime, c’est facile, mais le lui faire voir, prendre soin de lui, penser à son plaisir, c’est une autre histoire…

Et ça, ça me manque. J’aurais envie qu’on prenne soin de moi, que quelqu’un pense à moi. J’aimerais me dire qu’une personne s’inquiète un peu pour moi, que quelqu’un me demande « Alors, ta journée, ça s’est bien passé ? » ou « Et MiniBri, ça va ? »… Autant j’accepte bien mieux l’absence d’homme dans ma vie, autant je regrette cette impression (certainement fausse, j’en suis consciente) de ne compter pour personne, que personne ne se soucie de moi… Les petites surprises du quotidien me manquent, je regrette le parfum des choses insignifiantes et l’absence de petites attentions dans ma vie…

Oui, être célibataire, c’est aussi ça. Outre les avantages qu’on peut trouver dans sa vie de parent solo, il y a quand même quelques manques qui se font sentir. Le tout est d’arriver à répondre à la question : est-ce que les carences de ma vie de célibataire sont plus difficiles à gérer que ses avantages ou l’inverse ? Si on répond oui, est-ce qu’on a envie de rencontrer quelqu’un juste pour combler ces manques ou parce qu’on croit encore à l’Amour ? Et si on y croit encore, est-ce que… Une question en entraîne une autre… Une réflexion ouvre la porte à une autre… Les interrogations sans réponse se succèdent… C’est un puits sans fond…

Enfin, je m’en fiche… Je n’ai même plus envie d’y penser… J’ai une nouvelle montre trop belle à mon poignet. Je me prendrais presque pour Jack avec son horloge à la place du cœur, dans La mécanique du cœur : « Pour moi c'est l'heure de foutre à la poubelle mon coeur en bois et pour de bon (…) Tais-toi mon cœur, je ne te reconnais pas »…. Il va peut-être falloir que j’arrête avec ce pseudo romantisme à la noix…