Assez parlé de moi.
Parlons modestement de gens formidables
(ils pensent du bien de moi)
Je vais vous parler, très sérieusement mais pas
longtemps, de "CULTURE ET BIBLIOTHÈQUES POUR TOUS". On dit plus communément "Bibliothèques pour tous". Vous les avez sûrement connues dans la petite
ville de votre enfance. Ou dans la station balnéaire où vous avez appris à nager. Celle où il pleuvait tous les matins, alors, pour vous occuper, vous alliez à la Bibliothèque pour tous, avec
papa. Parce qu'elle proposait (elle les propose toujours) des livres pour adultes et des livres pour enfants (1/3 de leurs livres). Je crois même que c'est là que vous avez vraiment
appris à lire. Ca vous revient ? Oui, c'est celle-là, celle avec la dame si gentille. Elles sont mille comme ça : les bibliothèques pour tous, c'est un réseau de mille bibliothèques animées par
des bénévoles. Des vrais amoureux des livres et de la lecture, puisqu'ils les prêtent. Ils les prêtent même beaucoup puisqu'ils en prêtent quatre millions par
an. En chiffre, ça fait plus chic : 4 000 000 par an. Disons 80.000 par semaine.
Et attention, je vous ai parlé des stations balnéaires pour évoquer des bons souvenirs, mais elles sont aussi ailleurs, et même partout. Du vrai partout : dans les quartiers difficiles où ça ne
rigole pas, en milieu rural où elles tiennent bon, même quand la Poste ferme son bureau. Et dans les crèches, les écoles, les collèges, les centres de loisirs. Il y a même du moins
agréable comme décor : dans les hôpitaux, les centres de convalescence et de rééducation. Et dans les prisons aussi : je le sais bien, la dernière fois que j'y suis allé pour un débat, lors du
Festival de Chambéry, c'était à l'initiative de la bibliothécaire. Dans une prison, la bibliothèque pour tous, c'est la seule évasion qui marche : elle a sauvé beaucoup de monde. Les
bibliothèques pour tous sont même aux portes de l'enfer : dans les entreprises. Si vous n'êtes jamais allé dans aucun de ces endroits, il est temps de rattraper votre retard social : allez
vite vous inscrire comme bibliothécaire bénévole, vous vous ferez des copines. Et peut-être même huit mille (je vous préviens, dans les huit mille, il y aura aussi des
copains).
Oui, 8.000. Le
réseau est animé par 8.000 bibliothécaires bénévoles. Avec vous, ça fera 8.001, c'est un joli chiffre. Complètement bénévoles, bien plus bénévoles que les bibliothécaires des
Cnaf qui ne prêtent rien du tout. Plus souriantes aussi. Bien plus compétentes, surtout, puisqu'elles ont élu le cher "Qui comme Ulysse" livre du
mois. Ha, Houellebecq, ha, B.H.L., c'était bien la peine de vous mettre à deux pour écrire un livre, trop tard, la place est prise. Ha ! on ne le dira jamais assez,
le vrai bonheur ne suffit pas : il faut qu'il se complète de la vision du malheur des autres, quand ce sont des auteurs.
J'irais volontiers faire le tour des mille bibliothèques, juste pour y voir mon brave Ulysse trôner mille
fois sur leur table des nouveautés, bien plus belle que celle des Cnaf (ce n'est pas que j'en fasse une idée fixe, mais ça me fait du bien d'en parler). Cependant, Ulysse n'y sera
peut-être pas, il sera déjà sorti. C'est son destin, il est fait pour naviguer dans les bibliothèues pour tous : il partira, il reviendra, dans des milliers de mains délicates (les lecteurs des
Bibliothèques pour tous ont les mains bien plus délicates que celles des lecteurs des Cnaf - oui, excusez-moi, mais c'est plus fort que moi). Mon grand héros, juste après Ulysse, c'est
le Comte de Monte-Cristo.
Et les Bibliothèques pour tous ont non seulement des très belles bibliothèques et des très belles lectrices aux très belles mains, mais une très belle
revue, L'Hebdo des Notes. Et, tout esprit de revanche mis à part mais pas trop, L'Hebdo des Notes, c'est autre chose que Lire, qui fait ses
sélections n'importe comment, à tel point que le cher Ulysse n'y figure même pas. Je ne devrais pas écrire ça, ça peut me faire du tort pour le suivant, mais tant pis, c'est si bon, je le
censurerai plus tard.
Dans l'Hebdo des Notes, ils ne se laissent pas influencer : ils ne parlent même pas de ma coloc du Furet du Nord, la brave petite Christine Angot. Ni de toutes mes coloc du Salon du Mans, même
pas de la troisième, la pas revêche qui sentait bon et qui n'est restée que cinq minutes, je vous raconterai demain. Où en étais-je ? Ah oui, L'Hebdo des Notes, lui, il parle des vrais
événements littéraires de la rentrée : il annonce haut et fort (eh, la régie, un peu plus haut, un peu plus fort, SVP) que le livre du mois c'est Qui comme Ulysse. Et les 675
autres ? Eh bien, ils se consoleront avec ces prix de consoltaion, c'est fait pour ça : le Goncourt, le Renaudot, le Femina. Euh, cela dit, le Goncourt, le Renaudot, je veux bien aussi.
Vous lisez ça, vous dites "il affabule". Moi aussi, je me dis ça en me relisant. Alors, pour être sûr, je mets le lien vers la version internet de l'Hebdo des
notes, je l'ai ouvert à la bonne page.
Si j'avais publié ça plus tôt, ma 3ème coloc du Mans serait restée plus de 5 minutes, avec ses sourires et son exquise fragrance. C'est ma faute, ma modestie me perdra.
P.S. Je me relis et je corrige : le Femina, ça m'intéresse aussi. Beaucoup des héros de mes nouvelles sont des femmes, ça peut aider ? Qui, parmi les visiteurs de ce blog, pourrait
s'occuper de ça ? Merci.