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A propos de la crise financière : réalités et mensonges.
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Miguel Garroté – lundi 13 octobre 2008, 15:30, heure de Paris – A propos de la crise financière, j’aimerais aujourd’hui souligner quelques réalités bonnes à savoir et aussi quelques mensonges qu’il faut impérativement dénoncer. Pour commencer, reprenons le fil des réalités de ces derniers jours.
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Europe - Le dimanche 12 octobre 2008, les pays de la zone euro réunis à Paris, adoptent un plan comprenant des prêts et une recapitalisation des banques. Le gouvernement britannique annonce qu'il recapitalise les banques Royal Bank of Scotland, HBOS et Lloyds TSB. Ces recapitalisations se montent à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Le ministère britannique des Finances explique que ces recapitalisations peuvent le conduire à détenir la majorité du capital de plusieurs banques afin de soutenir la stabilité des marchés financiers, de protéger les épargnants, les entreprises, les emprunteurs et de préserver les intérêts des contribuables. Lundi 13 octobre 2008 au matin, les marchés boursiers européens sont en hausse de +6% dès l’ouverture. Le Footsie 100 à Londres, le Dax à Francfort et le CAC 40 à Paris rebondissent après les pertes impressionnantes de la semaine passée. Trois jours auparavant, vendredi 10 octobre, Wall Street se redresse n'affichant qu'une perte modérée. Lundi 13 octobre 2008 à 09:00 heure de New York le Dow Jones oscillait à -1,49%. Les bourses asiatiques elles aussi prennent de l'altitude. En outre, lundi 13 octobre, l'Allemagne doit présenter - sur le modèle britannique évoqué plus haut - un plan de sauvetage des banques de 480 milliards d'euros. Hormis la banque Hypo Real Estate, aucune banque allemande n'a encore fait état de pertes majeures.
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Pays arabes - Les bourses des monarchies pétrolières ouvrent lundi 13 octobre en hausse, avec +3,3% à Dubaï, +4,7% à Abou Dhabi et +1,25% à Oman. Rappelons que les investissements des monarchies pétrolières à l'étranger sont estimés à 2.500 milliards de dollars. Les Bourses d'Asie Pacifique enregistrent également un rebond lundi matin 13 octobre. Détail piquant, l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole se réunira le 18 novembre pour « débattre de la chute » des prix du pétrole. Le cours du pétrole a chuté de 45% depuis son niveau de 147 dollars en juillet dernier et se situe actuellement à 80 dollars le baril, ce qui me semble tout à fait équilibré et réjouissant. On me dit qu’à cet égard Chavez et Ahmadinejad font actuellement des stocks de couches culottes. J’ignore dans ce contexte l’actuelle cote boursière de Pampers. En hausse très probablement.
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Israël - David Rosenfeld dimanche 12 octobre 2008 sur israel valley écrit : « Merci Kippour. On a du mal à le croire, mais le Tel Aviv Stock Exchange a été miraculé en fermant la semaine dernière. (…) la Bourse israélienne a bénéficié d’un petit miracle. Tandis que les bourses mondiales perdaient la semaine dernière (…) Tel Aviv ne perd que 3,80% grâce aux congés de Kippour ! (…) La Bourse de Tel Aviv, seule Bourse au monde à être ouverte le dimanche avec Dubaï et Le Caire, est un test grandeur réelle de l’efficacité des mesures prônées par le G7 et le G20. Pour rappel, 25 trilliards de $ de capitalisation sont partis en fumée depuis le début de l’année sur les Bourses mondiales. Le TASE (ndmg Tel Aviv Stock Exchange) n’a pas perdu -22% comme la moyenne des bourses mondiales la semaine dernière mais “seulement” -3,30%. Ce qui, au bas mot, sauve quelques 60 milliards de Shekels de capitalisation, près de 18 milliards de $. Ceci devrait participer à un indice de la confiance du consommateur toujours dynamique et rassurer sur une économie solide dotée d’un système bancaire bien huilé, et capitalisé à souhait ».
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Mensonges dénoncés - Dans un article intitulé « Ce que cache l'hystérie antilibérale », Ivan Rioufol, le vendredi 10 octobre 2008, écrit (début de citation de l’article d’Ivan Rioufol) : «…En France, les antilibéraux s'autocongratulent tandis que certains, dans leurs rangs, prophétisent la fin d'un monde qu'ils détestent : l'Occident, ses démocraties, ses réussites. (…) Le procès du capitalisme financier, qui trouve ses procureurs jusque chez la droite honteuse, fait le bonheur des interventionnistes de la vieille école. (…) Les enfants de Robespierre se croient rappelés par l'histoire. (…) La gauche dure ressort ses pics. Les ténors socialistes n'y trouvent rien à redire. L'antiaméricanisme fait le reste, aimantant ceux qui font porter sur les États-Unis, leurs banquiers et leurs alliés les malheurs du monde. Le Hamas, écouté dans les cités, accuse le ‘lobby juif’ d'être responsable du crack. (…) Or, l'hystérie antilibérale est telle aujourd'hui, y compris chez des démocrates qui persistent à nier la faillite de ‘l' État mama’, qu'elle conforte un discours régressif, négationniste, violent. Le capitalisme n'est pas parfait, pour sûr. Mais le renier serait nous renier. (…) Non seulement le capitalisme financier est utile, mais il va financer par souscriptions une partie des 700 milliards de dollars du plan de relance des États-Unis. (…) Il ne faut rien taire des tares du système anglo-saxon, tel que la chancelière allemande Angela Merkel l'a désigné en fustigeant ‘l'appât du gain, la spéculation et le mauvais management’. Benoît XVI ne dit pas autre chose quand il s'en prend à l'argent roi. (…) Mais le PS est loin de cette mutation quand Martine Aubry déclame : ‘Ils sont là, les socialos !’ ou quand François Hollande se frotte les mains : ‘Ce qui s'effondre, c'est le libéralisme économique’ » (fin de citation de l’article d’Ivan Rioufol).
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Mensonges dénoncés (suite) - Dans La crise économique réveille la rage antisémite vendredi 10 octobre 2008 et dans Terrorisme : Une Mamie haineuse vomit dans Le Monde. dimanche 12 octobre 2008, j’ai mis en garde contre la « vindicte populaire » envers la crise financière (vindicte réclamée notamment par Aline Louangvannasy dans le quotidien le Monde), vindicte qui, selon Aline Louangvannasy notamment, exige, je cite la dame, des « têtes ». Et j’ai posé la question : elle compte guillotiner qui en premier lieu ? Tout ceux qui s’appellent Lehmann et Goldman Sachs ? L’article d’Ivan Rioufol susmentionné ne fait qu’augmenter mes craintes face à l’alliance de fait entre étatistes, socialistes, gauchistes, frontistes et islamistes. Les enfants de Robespierre sont de retour et ils montrent du doigt le soi-disant « lobby juif ». J’ai mis en valeur les causes réelles de l’actuelle crise financière dans Crise financière : une fois encore, on nous ment. jeudi 2 octobre 2008, notamment en affirmant : Je ne dis pas qu’il n’y a pas de crise financière. Je dis en revanche que des mesures étatiques ont été prises par un gouvernement démocrate, celui de Jimmy Carter, en 1977. Je dis aussi que ces mesures étatiques ont été reconduites par un autre gouvernement démocrate, celui de Bill Clinton. Les prêts consentis à des personnes à faible revenu souhaitant acquérir un logement n’ont pas été consentis parce que les banques américaines sont « irresponsables ». Les prêts ont été consentis parce qu’à cause de Carter et de Clinton, l’Etat américain garantissait ces prêts à travers deux entités semi étatiques, Fannie Mae et Freddie Mac, à leur tour soumises à une entité étatique, le Federal Housing Enterprise Oversight. Rien à voir avec le « marché » et la « spéculation ».
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Mensonges dénoncés (fin) - Sur l’aspect boursier de cette crise financière, j’aimerais me livrer à un petit rappel. Depuis le début de cette crise financière, les dirigeants européens et les journalistes européens ont une fois de plus fait la preuve de leur ignorance crasse des mécanismes financiers et surtout boursiers. Les innombrables commentaires lâchés sur ces mécanismes n’ont fait qu’amplifier inutilement l’aspect le plus irrationnel, à savoir la panique. Soyons très clair sur cet aspect : aussi longtemps que les détenteurs d’actions ne vendent pas, la bourse ne peut pas baisser. A contrario, si un nombre élevé de détenteurs d’actions paniquent et de ce seul fait irrationnel vendent, et que personne n’achète, alors, évidemment, la bourse chute. En ces circonstances difficiles, la responsabilité des dirigeants et des journalistes devrait être le sens de la mesure et non pas les paroles inutiles. Seulement voilà, ni nos dirigeants, ni mes confrères journalistes, assument cette responsabilité. Nos dirigeants cèdent à la panique et visent à sauver leur propre peau, quitte à dire des imbécillités et quitte à faire des banques les boucs émissaires tout trouvés pour se dédouaner eux-mêmes. Quant à la très grande majorité des journalistes, ils ne pigent rien à l’économie, un sujet qu’ils considèrent impur par nature. Ajoutez à cela la démagogie des étatistes, des socialistes, des gauchistes, des frontistes et des islamistes, et la crise financière, en soit résorbable, devient un cauchemar et une occasion de faire de la politique dans le sens le pus nauséabond du terme. Dans cette farce dangereuse, « le bons sens au service du bien commun » n’a pas droit de cité.
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© Miguel Garroté 2008
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