Depuis mes premières années d’engagement, j’ai toujours eu à cœur d’intégrer le respect de la nature et de ses lois à l’action politique. En faculté, bien avant la gauche, je faisais partie de ceux qui dénonçaient – à l’époque tel des extra-terrestres – l’arrivée des ogm dans nos assiettes. Je me souviens alors de militants qui ne comprenaient pas que pour une fois, on leur parle d’autre chose. J’ai poursuivi cet engagement durant mes mandats électifs, me sentant d’ailleurs sur certains points, bien en phase avec des élus verts sur une partie de leurs analyses (que je trouvais parfois pas assez poussées à bout). La lecture des écrits de Edouard Goldsmith, de Konrad Lorenz, de Dumont, de Waechter m’avait ouvert la voie vers la défense d’une politique non écologique, mais « bio centrée ».
En effet, au-delà de l’environnement, c’est bien de vie dont il est question. La nôtre d’abord, celle de nos descendances ensuite. Comme l’écrivait Laurent Ozon : « avant que d’être une crise de notre mode de production, de redistribution des richesses ou de la dégradation de nos biotopes, la crise écologique est bien une crise relationnelle avec les mondes dans lesquels nous évoluons. En cela, intégrer la culture écologique dans notre champ de réflexion et d’action, c’est reconnaître que, parallèlement à la destruction des écosystèmes, c’est à la dégradation de notre humanité que nous assistons.
Cette dévastation sans équivalent nous bouleverse parce qu’elle nous montre en quoi nous ne nous retrouvons plus dans le monde, en quoi il nous est devenu étranger, en quoi, finalement, notre existence s’est appauvrie. Et puisque c’est au travers de sa culture qu’un peuple, qu’un homme, comprend le monde et lui est relié, c’est bien sur le chemin d’une véritable révolution culturelle que nous devons nous engager.
Nous devons nous interroger, non pas tant sur les remèdes à apporter à des pollutions que sur ce qui a permis qu’elles adviennent. La catastrophe serait que, ignorant les causes profondes de ces phénomènes, à savoir l’état de notre culture et les liens que nous établissons avec le monde, nous nous contentions de n’apporter qu’une réponse technique à des problèmes qui sont d’abord des signes.
Comme une maladie est le signe d’une inadéquation entre une manière de vivre et les lois naturelles, nos pollutions sont les signes d’une inadéquation entre la civilisation industrielle et capitaliste et les lois du monde.
Il est illusoire de croire que nous arriverons à limiter la grande destruction à laquelle nous assistons, en instituant des réglementations de protection environnementales, qu’elle soit d’inspirations libérales, socialistes ou mêmes prétendument écologistes. Car c’est le contrôle technocratique qui s’accentuera alors, sans que soient remises en question les causes fondamentales des problèmes. Le remplacement des normes technocratiques de gestion capitaliste par celle des normes technocratiques de gestion pseudo-écologiste, ne nous réconciliera pas avec le monde ».
On l’aura compris, c’est bien la logique même du rapport à la nature qui doit être revue et pas par une idéologie écologiste, mais bien d’une méthode écologique qui s’ouvre autant à droite du côté de l’ump ou du modem, qu’à gauche.
C’est bien une révolution culturelle qui s’impose. A l’échelle d’une commune, bien entendu mais aussi à l’échelle d’un continent comme l’Europe et par extension au monde trop souvent dominé par une pensée politique et économique unique.