Les échos du festival de Buc

De retour de Buc dans les Yvelines. J’y ai passé samedi une excellente journée en compagnie d’une cinquantaine d’auteurs et un public toujours nombreux. Le Festival BD de Buc est assurément un événement incontournable de la BD franco-belge en particulier réaliste et populaire en Île de France. Occasion aussi pour moi de rencontrer physiquement des auteurs et des lecteurs avec qui je suis en contact.
Tout festival comprend deux facettes. La face offerte au public avec les incontournables séances de dédicace, les expositions et les bourses BD. Et la face dédiée aux seuls artistes, organisateurs et quelques invités. Compte-rendu.
Malgré le nombre d’événements littéraires et bédéphiles ce week-end, le festival de Buc a su conserver son public. Près de 1500 entrées pour la première journée, grâce notamment à une communication locale efficace relayée jusqu’à Versailles. Le public a sans doute eu tord de ne pas s’attarder sur les expositions de Kas, invité d’honneur du festival (photo ci-contre). Elle présentaient de superbes planches et tableaux sur la séduisante série Halloween Blues et la biographie de Marylin Monroe, Shooting Star.

Pour beaucoup, le clou de la manifestation était évidemment les quatre rangées d’auteurs disponibles pour une signature ou une dédicace. Le plateau était particulièrement bien garni, ce qui permettait au public de bien se répartir. J’ai succombé à la tradition, ce qui alimentera la rubrique des dédicaces du week-end jusqu’à la fin de l’année.
Parmi les stands, il ne fallait pas manquer celui de rêves de bulles qui publie des tirages spéciaux au profit d’œuvres humanitaires. En avant-première, quelques chanceux comme moi ont pu découvrir le sublime T5 de Voyageur dessiné par Marc Bourgne. L’album imprimé au stade crayonné est d’une rare finesse. Marc Bourgne a placé la barre haut. Il travaille sur le 3e tome ; les 4 tomes du cycle Présent seront publiés sur moins d'un an à partir de novembre. Marc Bourgne est également l’organisateur du Bédéthon 78 de Rambouillet des 5 et 6 décembre et dont je reparlerai. Il a été récompensé par les organisateurs pour sa fidélité à Buc depuis 1995.

Parmi les autres échos, Luc Brahy et Frank Giroud m’ont parlé de leur nouvelle série Icare chez Glénat. Prévue en 9 tomes, cette saga sur l’histoire de l’aviation du 20e siècle démarre en 2009. En revanche, la série Climax pourrait ne pas se poursuivre si elle ne décolle pas davantage. Michel Janvier (photo de droite) confirme la prépublication du dernier épisode de Dr. Monge dans un support régional de Limoges avant d’être édité en album. Ce ne sera donc plus chez Glénat qui a décidé d’arrêter la série.
Éric Chabbert a bien avancé le T4 d’Uchronies écrit par Éric Corbeyran ; la sortie programmée pour mars 2009, suivront les deux autres tomes du cycle 2. Michel Chevereau et Jack Manini travaillent sur leur nouvelle série Catacombes dont j’ai pu admirer les premières planches : tout simplement impressionnant. Vous en saurez plus dans l’interview de Jack Manini à paraître sur Auracan.com prochainement.
Michel Jacquemart m’a montré les premières planches des prochains Lefranc dessinés respectivement par Régric (en photo avec Michel Jacquemart) et Alain Maury : une première histoire assez intimiste Noël Noir bientôt finie et que les éditeurs ne voudraient faire paraître qu’en fin d’année en raison du titre ; une seconde histoire dans le monde des scouts où les fans du faire-valoir Jeanjean et de Pierre Joubert (à qui il sera fait hommage) devraient se régaler. Eric Stoffel (photo à droite) envisage chez Bamboo un spin-off de la série Oukaze dont le 4e et dernier tome est prévu en mars prochain. Il s’agira d’un thriller assez noir sur le personnage de Kovak, le tueur.
Côté coulisses, les organisateurs sont aux petits soins des auteurs nourris et logés à proximité du centre culturel de la ville. C’est souvent pendant cette deuxième partie que se nouent des contacts, démarrent des discussions passionnées sur le métier et tout simplement s’opèrent les échanges entre les auteurs. Des moments sérieux comme de franches rigolades avec un oscar à Brice Goepfert (en photo ci-contre avec Marc Bourgne) pour ses qualités d'animation.
J’ai notamment assisté à une discussion animée autour de ce qu’on pourrait résumer comme le débat entre anciens et modernes dans la bande dessinée. En soi le sujet nécessiterait des longs développements - une idée d’une prochaine chronique. En quelques mots, les dessinateurs de styles différents sont-ils en concurrence entre eux ? quelle est la légitimité de la parole d’auteurs comme Trondheim qui apparaît s’exprimer pour la profession dans les médias ? qu’a réellement inventé la nouvelle vague comme Sfar ou Marjane Satrapi ?
Et finalement, c’est peut-être la partie qui manque à ce festival – comme à beaucoup d’autres – des débats sur des sujets polémiques mais fondateurs. A méditer.
Photos © Manuel F. Picaud