Bien que tout le monde ait le regard tourné vers les États-Unis à l'occasion de l'élection présidentielle, ce n'est pas le seul pays où l'on va voter prochainement!
Au Canada aussi on vote et on votera mardi 14 octobre pour renouveler le parlement d'Ottawa (capitale fédérale du Canada) suite à la décision du Premier Ministre actuel Stephen Harper, chef du Parti Conservateur et chef d'un gouvernement minoritaire, qui espère bien transformer son gouvernement en un gouvernement majoritaire.
Mais il n'est pas le seul à concourir dans la course... Présentation des concurrents.
Stéphane Dion, chef du Parti libéral (eh oui! contrairement en France où l'on est libéral donc conservateur dans l'opinion, au Canada, les libéraux sont progressistes et opposés aux conservateurs), surnommé le "professeur" en raison d'une tendance marquée de ses discours à n'être pas toujours... enthousiasmant pour ainsi dire. Il est bien professeur et a été ministre dans le gouvernement de Jean Chrétien avant qu'il ne soit battu par Stephen Harper. Ses thèmes de prédilection sont l'économie, l'environnement et le leadership. Cette dernière notion, qu'on peut assimiler à la notion française de "présidentiable", représente la capacité reconnue de diriger un gouvernement et un État. Suite aux "débats des chefs", tenus successivement en français et en anglais deux soirs de suite entre les candidats que je vous présente ic, il a été LA surprise pour deux raisons: une capacité à émerger du débat par un discours bien construit et offensif contre Stephen Harper et une force de proposition, notamment en matière d'économie, qui ferait actuellement défaut à Harper. Les derniers sondages et les derniers bruits de couloir parlent actuellement d'un gouvernement libéral minoritaire. Cela supposerait que Stéphane Dion ait réussi à toucher les électeurs anglophones malgré un accent à couper au couteau. Comme quoi, une élection peut tenir à pas grand chose...
Jack Layton, chef du Nouveau Parti Démocratique du Canada ou NPD. Il représente l'approche d'une sociale-démocrate aux problèmes canadiens. Il est anglophone mais dans le "débats des chefs" en français, il s'est particulièrement bien défendu. Il convoite les votes québécois qui sont une des clefs de l'élection. En effet, tous les candidats doivent composer avec la province qui non seulement est l'unique à être officiellement francophone, mais qui a toujours en tête ses tentatives souverainistes des années 80 et qui demande donc du doigté. C'est moins des fonds qu'il faut promettre à tout va qu'un respect de ses différences.
Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois. Il représente la différence québécoise au niveau fédérale, à savoir la voie d'une plus ou moins indépendance ou souveraineté. Il défend le Québec comme modèle à suivre dans l'ensemble du Canada et notamment pour son approche du réchauffement planétaire. En effet, le Canada de Stephen Harper n'a pas souscrit au protocole de Kyoto mais la "Belle Province" a visiblement pris les devants. Il s'est particulièrement appliqué lors du "débat des chefs" frnacophone à mettre en avant le modèle québécois et sa spécificité mais lors du débat anglophone il paraissait trop centré sur la problématique québécoise en oubliant qu'il y a des francophones dans toutes les provinces canadiennes qui demandent à exister. Tous les francophones ne sont pas québécois.
Elizabeth May, chef du Parti Vert du Canada. Seule invitée féminine du "débat des chefs", elle est bien entendu la voix verte du débat mais a beaucoup de mal à exister face aux autres alternatives. Elle a été pour beaucoup une surprise lors du débat francophone car son français est maladroit mais tout de même incisif dans ses critiques de Stephen Harper.
Last but not least, le candidat sortant, qui a déclenché les élections (pour la petite histoire, c'est lui qui avait fait voter une loi instaurant des élections à dates fixes qu'il a du contourner pour provoquer celle-ci), j'ai nommé Stephen Harper, chef du Parti Conservateur. Lors des débats des chefs sa capacité de proposition a été moindre, notamment parce qu'il était occupé à contrer les attaques de ses quatre opposants... qui n'y sont pas allés de mains mortes. Parmi les péchés originels qu'on lui reproche, la non-ratification du protocole de Kyoto, l'entrée en guerre aux côtés des États-Unis et globalement un allignement sur les positions du Président des États-Unis, George W. Bush. Il se murmure d'ailleurs que les élections ont été déclenchées afin de se terminer avant que les États-Unis ne votent car les Canadiens ont tendance à s'aligner sur la ligne politique de leur voisin du Sud, ce qui signifierait actuellement un retournement vers la gauche. Harper tente donc de sauvegarder ses acquis... Excepté que son gouvernement minoritaire (c'est donc le parti avec le plus grand nombre de députés élus mais qui n'a pas la majorité en raison des autres partis de l'échiquier politique) est accusé des pires tentatives: moralisation de la politique avec des projets rendant l'avortement criminel ou baisse des subventions à la culture et aux arts. Il est également accusé d'être resté passif face à la crise économique ou de ne pas prendre les bonnes décisions. Jusqu'aux débats des chefs, on murmurait un possible Parti Conservateur majoritaire (Harper aurait donc eu raison de partir en élections) mais depuis, on s'oriente vers un Parti Conservateur minoritaire (statut quo et donc élections qui ne changent rien à la donne actuelle) voire d'un Parti Libéral minoritaire en raison de la révélation qu'a pu être Stéphane Dion.
Les électeurs de 18 ans et plus sont donc appelés aux urnes mardi 14 octobre 2008 pour renouveler la Chambre des Communes du Canada en élisant leurs 308 représentants au scrutin uninominal majoritaire à un tour. Le chef du pari remportant le plus de sièges deviendra Premier Ministre (les électeurs ne votent donc pas directement pour le nommer) par décision de la gouverneure générale du Canada, la très honorable Michaëlle Jean, représentante de la reine Elizabeth II, "par la grâce de Dieu, reine du Royaume-Uni, du Canada et de ses autres royaumes et territoires, chef du Commonwealth, défenseur de la Foi" (titre officiel de la reine au Canada).
Votez, citoyens, votez!