Renault ne va pas bien, à la mesure de la baisse du pouvoir d’achat, de la mutation rendue nécessaire par les défis environnementaux et la hausse de prix du pétrole. Relativisons quand même: Renault n’est pas l’entreprise la moins bien lotie dans un monde de l’automobile qui subit de plein fouet cette crise, dans un contexte aujourd’hui de crise financière carabinée.
On pourrait donc comprendre que Renault envisage de fermer des usines et de licencier des personnels. On pourrait… Si on ne savait pas qu’en même temps:
- Alors que ses bénéfices ont fondu de près de moitié, Renault double les dividendes accordés à ses actionnaires.
- Alors que la société connaît une passe difficile, le PDG s’accorde une substantielle augmentation.
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la visite de N. Sarkozy à Sandouville la semaine dernière. Certes il a été fraîchement accueilli par les personnels, malgré les quelques centaines de gendarmes et CRS installés dans l’usine. Mais son propos n’était pas là:
- Il fallait à la fois trouver le moyen d’apparaître à la télévision en faisant semblant de se préoccuper des difficultés de ces pauvres ouvriers, surtout à l’annonce d’une forte hausse du chômage au moins jusqu’à la fin 2009.
- Mais surtout, il fallait apporter l’onction présidentielle à Carlos Ghosn et à l’ensemble des mesures qu’il a décidé: priorité aux actionnaires et aux dirigeants.
Autre sujet. Le choix de convoquer un sommet des dirigeanst de la zone Euro me semble, enfin, une excellente chose, pour ne pas laisser à la seule BCE le choix des décisions à prendre dans cette période de crise aigüe. C’est aussi la naissance d’une Europe à géométrie variable. C’est enfin l’embryon d’une Europe politique qui, dans le contexte actuel, est obligée de rompre avec la logique ultra-libérale qui a été celle de la Communauté Européenne depuis ces 20 dernières années. Bref, la crise financière aura réussi ce pour quoi je militais depuis longtemps, y compris en tant que “noniste” au référendum constitutionnel.
- Fin du capitalisme ? La tribune d’Immanuel Wallerstein dans Le Monde.