Moi qui ai pour vilaine habitude de vivre beaucoup par procuration, me projetant dans des fantasmes que je m’invente comme ces histoires que j’écris, réfléchissant et imaginant des choses plutôt que de les vivre parce que c’est plus confortable et moins dangereux, je me suis cette fois lancée dans une nouvelle aventure qui me tente depuis quelque temps. Ecrire un livre.
Un projet qui a mûri doucement puisqu’il s’agissait aussi et d’abord de définir ce vers quoi je voulais aller, et mon imagination actuellement plutôt débridée et débordante me laissait pas mal de possibilités. J’ai pourtant choisi de rester dans le réel, parce que j’ai encore beaucoup à dire et à écrire sur l’histoire que je vis avec mon intruse et que je pense et j’espère que ce travail d’écriture spécifique pourra enfin m’aider à l’accepter. Parce que cela me permettra aussi de voir comment cela se passe, de me faire « la main ». Parce que j’en ai encore besoin surtout puisque nous n’en avons pas fini de notre histoire mouvementée l’une avec l’autre alors que nous allons bientôt fêter nos noces de bois.
Mais un projet qui me faisait peur en même temps puisque pour moi, une fois commencé il me faudra aller au bout, même si c’est fastidieux, même si c’est douloureux, même si cela ressemblera davantage à du travail qu’au plaisir que j’ai à écrire ces billets, petits ou grands, qui alimentent mon blog. Un engagement tout sauf anodin que je prends vis-à-vis de moi-même et un nouveau défi que je me lance. Vaincre ce perfectionnisme qui me fait sans arrêt reporter par peur de ne pas faire assez bien mais qui aboutit au résultat de ne rien faire. Vaincre cette peur aussi que le résultat final ne soit pas à la hauteur de mes espérances et être prête à l'assumer comme je me sentais prête au départ du trek pour le Zanskar à ne pas aller au bout mais faire autre chose. Je pense qu’actuellement j’en ai tellement besoin que ce travail d’écriture, de réflexion et d’autoréflexion me sera éminemment profitable, quoi qu’il se passe et quoi qu'il en advienne.
C’est ce qui m’a permis d'oser me lancer, enfin. C’était hier matin. Le début de ma stylothérapie.
J’ai donc créé sur le disque dur de mon ordinateur un dossier "roman" et simplement ouvert une page word pour y écrire la première page de ce qui sera le début du livre de mon histoire avec mon intruse. Je me suis sentie très émue parce qu’au-delà du geste, ce moment était très symbolique et fort pour moi. Il représente la cristallisation de ces mois où j’ai trouvé refuge dans l’écriture. De cette décision que j’ai prise il y a bientôt une année d’ouvrir ce blog et d’y mettre des poèmes puis des textes pour être lue. La cristallisation de cette discipline quotidienne d’écriture que je fais pour vous, mais surtout pour moi. De cette confiance en moi que vous m’avez donnée parce que vous êtes quelques uns à aimer ma façon d'écrire, dont mes très proches dont l’avis m’est si précieux. Et peut-être la suite logique d’un témoignage que j’ai osé faire pour le magazine faire face sep de l’APF, un témoignage que je voulais plein d’espoir par rapport à ces voyages extraordinaire que j’ai la chance de vivre grâce ou malgré la sep, de cette écriture que j’ai découverte à cause d’elle.
Le moment était important parce qu’en écrivant cette première page, je tourne une page du livre de ma vie. Je décide de passer du rêve à la réalité et d'écrire "mon" livre. Je vis mon rêve même si cela implique de me replonger dans des moments douloureux, moi pour qui la fuite, donc l'oubli, est le principal mécanisme de défense.
Mais toute médaille a son revers.
Il est encore trop tôt pour dire si cela changera quelque chose au niveau du blog, je n’ai pas encore idée du temps que cela prendra. Je me suis fixée comme objectif l’écriture de quelques pages
par jour, j’essaierai de continuer à écrire d’autres choses, peut-être moins souvent, de continuer à venir vous voir, peut-être moins souvent aussi. Je ne sais pas encore l’investissement que
cela représentera pour moi et les conséquences éventuelles que je devrai en tirer. Ce que je sais c’est que j’ai besoin d’échanger avec vous et de vous retrouver au travers de vos blogs et de vos
commentaires, et qu’il n’est donc pas question pour moi d'arrêter mon blog. D'autres blogueurs écrivent par ailleurs. Mais j'y consacrerai probablement moins de temps que ce que je le fais
actuellement. Parce que les journées ne font que 24 heures.
J'ai beaucoup hésité à mettre en ligne ce billet dès aujourd'hui, parce que c'est tout frais et que je fête à la fin du mois le premier anniversaire de ce blog où ce billet aurait pu
s'inscrire, mais vous en parler renforce encore cet engagement que je prends et m'interdit désormais de me défiler. C'est parti et bien parti...