Le risque d'effondrement systémique n'a jamais été aussi important pour le capitalisme financier. La Bourse de New York a perdu 18% la semaine dernière. Le CAC 40 a perdu 22%. L'indice vedette Dax de la Bourse de Francfort a chuté de 15% en 5 jours.
Sarkozy prend-t-il peur ?
Christine Lagarde a encore parlé : la ministre française de l'Economie a affirmé samedi que la communauté financière ne serait "pas déçue" des mesures qui seront annoncées à l'issue du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Eurogroupe dimanche à Paris. Nicolas Sarkozy a en effet réuni en urgence ce dimanche un sommet des 15 Etats membres de la zone euro à Paris. Pourquoi faire ? "J'attends un plan ambitieux" a-t-il fait savoir à la presse.
C'est la cinquième réunion internationale de ce type en une semaine. Pire, le président français s'agite sur le plan intérieur. Après avoir réuni son "G7" ministériel, le voici qu'il convoque un Conseil des Ministres extraordinaire ce lundi. Il faut intégrer dans les budgets 2008 et 2009 les nouvelles dépenses annoncées pour faire face à la crise. Pour 2008, ce sont 35 milliards d'euros environ qui devraient aggraver le déficit du pays. Mais cette réunion devrait aussi examiner un dispositif de "garanties interbancaires".
Fermer les Bourses ?
C'était l'une des propositions du député communiste Jean-Pierre Brard la semaine passée. Vendredi, les ministres des finances du G7 ont accouché d'un plan en cinq points :
"Tout est arbitré" à l'Elysée
- «Prendre des mesures décisives et utiliser tous les outils pour soutenir les institutions financières d'importance systémique et empêcher qu'elles ne fassent faillite». Par systémique, comprendre les banques dont la faillite aurait un effet domino sur d’autres.
- «Travailler ensemble pour stabiliser les marchés financiers et restaurer le flot du crédit pour soutenir la croissance économique mondiale»
- «Débloquer le crédit et les marchés monétaires afin d'assurer que les banques et les institutions financières aient un accès large aux liquidités et aux capitaux».
Faire en sorte que les banques puissent lever des capitaux «en des montants suffisants» auprès du secteur public, comme du secteur privé, «pour rétablir la confiance et leur permettre de continuer à prêter aux ménages et aux entreprises».- «Faire reprendre confiance aux déposants dans la sécurité de leur épargne, grâce à des garanties robustes et cohérentes des pouvoirs publics». (source)
On nous explique que le Président est partout, que tout est décidé depuis l'Elysée. Il faut faire croire que le Président est sur le pont. On le croit. C'est bien normal. C'est son job. Un mystérieux conseiller dévoile les coulisses présidentielles en temps de crise :
"Le président demande toutes les deux ou trois heures un état de la situation des marchés et de certaines banques françaises, en particulier de Dexia", explique un de ses proches collaborateurs. Le sauvetage de la banque franco-belge par des capitaux publics, en coopération avec la Belgique et le Luxembourg, a été une des premières décisions de Nicolas Sarkozy après Toulon.Sarkozy arbitre, mais ne décide rien.
Le chef de l'Etat a de nouveau dû se lever aux premières heures de la journée, jeudi, pour donner son feu vert à l'octroi d'une garantie publique pour les emprunts de Dexia. "Chaque soir, il sait que la nuit est propice à des décisions importantes", souligne un conseiller, selon qui Nicolas Sarkozy a aussi joué un "rôle majeur" dans le rachat d'une partie des activités de la banque belgo-néerlandaise Fortis par BNP Paribas et le rapprochement entre Caisses d'épargne et Banques populaires." (source)
Les marchés ne l'écoutent pas et la crise est mondiale.
Lire aussi:
- Faut-il repenser le système ? (LE MONDE)
- La semaine noire (Sarkofrance)
- Société Générale: bourse, mensonge et monopoly (Olivier Bonnet, janvier 2008)