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Un qui mime de conduire dans une décapotable. A l’arrière plan une affiche. Les rideaux qui dégueulent par une fenêtre ouverte flottés par le vent. Longuement vous absorbent. Les derniers étages affrontés au ciel que l’on bouge du regard. Gens qui passent devant un banc qui reste, qui n’en fini pas de rester. Les immeubles de la rue qui défilent un instant dans un plan horizontal depuis une voiture qui roule. Et l’échappée à l’envers dans le rétroviseur. Le paysage alors comme un bandeau souple tenu par le vent. Le regard absorbe les choses dans son jeu. Le plan tremblé d’un cargo au loin. La rampe simple piquée de rouille sous les couches de peinture. Le vent dans les rayures bleu des parasols. Un hôtel sur la plage à l’arrière saison. Les filles qui rigolent dont on perd le sourire, les jambes qui pédalent et que l’on revoit rire et l’équilibre précaire d’un pédalo blanc. Alors un éclat de ciel. Une mouette qui arpente la plage le regard brigand. Comme les mains passés dans le dos. Et les habits glissés pour aller goûter l’eau. Ces petits tas dont on se dégage les pieds. Comme des nids de taupes tissus dans le sable qu’on bascule. Des mollets qui s’échappent au devant de la mer rattraper leur silhouette entière avec de grand gestes. Ailleurs puisqu’on le regarde il se fait plus glouton à avaler l’assiette et à bourrer sa bouche, penche un sourire en grimaçant. Les visages qu’on rencontre par le wagon qui vient en face, les regards accoudés à la vitre inondés de pensée. Et puis ceux que le trajet tremblote devant nous en un portrait de famille, lointains. D’un visage à l’autre. La petite qui montre le tableau en remuant le doigt et, tenant son discours, intrigué maintenant par ce doigt qui remue. Celui jeté là en grande confusion et comme se déploie le monde vertigineusement depuis sa solitude. L’histoire est une tentative de faire tenir le monde. Il n’est rien que l’on ne puisse qualifier d’imagination. Ils sont arrêtés sur un élargissement de route et la ville sans doute se dessine en bas. On la voit marcher plus loin un peu faussement d’être vue sans scénario. Il y a les terres mauvaises et une végétation rare, épineuse. L’œil se pose parfois sur un détail du monde qu’il nous est donné alors de voir furtivement avant que reprenne le mouvement.