Entêtés, Palin et McCain répètent le credo républicain de diminution des impôts et de réduction du rôle de l’Etat, au moment où leurs amis de l’administration Bush renoncent dans l’urgence à l’idéologie et nationalisent partiellement des banques américaines. Entêté, McCain parle d’augmenter la production américaine de pétrole en levant un moratoire sur les forages offshore aux Etats-Unis alors que le changement climatique met de plus en plus de dirigeants du monde entier d’accord sur la nécessité de développer les énergies renouvelables au lieu de continuer à brûler les énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre.
Depuis plusieurs semaines McCain est apparu agressif, tentant de déstabiliser son adversaire par des diversions tactiques (choix de Sarah Palin comme colistière, suspension temporaire de sa participation au premier débat sous prétexte de la crise financière, attaques sur les liens d’Obama avec l’activiste radical Bill Ayers qui avait participé à une campagne d’attentats à la bombe contre des bâtiments publics dans les années 1960 et 1970…) mais sur le fond, il ne propose pas grand-chose de nouveau, si ce n’est de poursuivre la politique du président George W. Bush.
Désemparés, c’est bien le mot pour qualifier les républicains qui voient que le pouvoir est en train de leur échapper. Mais la brutalité et la haine qui ressortent des réactions de certains d’entre eux montrent qu’il y a beaucoup plus que cela en jeu. Les républicains sont en train de perdre leur domination culturelle. Juste retour de balancier. Cela fait bientôt 30 ans que leur idéologie du laissez-faire a contaminé toute la société américaine, y compris les démocrates. Il y a quelques jours, McCain a tenté, avec plus ou moins de succès, de contenir une explosion raciste de ses supporters à un meeting. Une femme dans l’assistance a assuré avoir entendu dire que Barack Obama était arabe (sans doute à cause de son deuxième prénom, Hussein) et d’autres supporters ont crié qu’il était un « terroriste » et qu’il conduirait le pays au socialisme. La peur viscérale de l’Amérique blanche qui n’ose pas dire ouvertement qu’elle ne veut pas d’un président noir. Et c’est sur cette peur que McCain peut encore espérer gagner.
John McCain pense que l’Amérique est immuable. On verra le 4 novembre si les électeurs lui donnent raison.