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attend...
KEANE : Perfect symmetry
Il n’est pas si facile de porter un jugement sur KEANE. Car ce groupe attire des sentiments contradictoires, de l’adoration que lui porte pas mal de fans en Grande Bretagne à la
haine des amateurs de rock pur et dur qui ne voit ici qu’un énième groupe « light » et sans épaisseur de plus. C’est qu’ils savent bien s’y prendre pour écrire des hits, et trouver la
mélodie imparable qui sera reprise en chœur dans des stades bondés. Un crime impardonnable pour tous ceux qui jugent que réussite et compromission vont toujours de pair, et qu’au-delà d’une
certaine aura, il n’y plus de crédibilité possible. Cela dit, admettons le, cet album n’offre que ce que l’on pouvait assez facilement imaginer. A savoir rien de bien nouveau ni de bien
fouillé ; les chansons se font flatteuses, et le discours mielleux et presque néo romantique, tout en restant intelligemment dans la joie et la bonne humeur. Après 8 millions d’albums vendus
sans que la France ne s’empare vraiment du phénomène, KEANE enfonce le clou avec sa pop décomplexée et se chauffe pour la route.
Saxo, scie musicale, chant enregistré à travers une batterie, KEANE expérimente et ose de nouvelles
voies pour donner une tonalité différente à ce troisième jet. En partie louable, mais le résultat sonne quand même comme du Keane pur jus, comme si il n’était pas possible à la bande de Tim
Rice-Oxley de se grimer en autre chose que ce qu’ils se sont efforcés de devenir. C’est à Paris que ce disque a finalement trouvé sa forme actuelle, après que plusieurs producteurs différents se
soient relayés pour l’enfanter. Et que peut-on y entendre de beau, alors ? Un single « Spiralling », exotique et enjoué, qui connait déjà le succès. Des titres qui sonnent très
Keane, comme ce « Lovers are losing » au refrain imparable et euphorique. Des morceaux à écouter sur la plage les pieds dans l’eau, qui donnent la pêche, comme ce "better than
this » plutôt syncopé. Aussi des déceptions, avec « You haven’t told me everything », bien trop artificielle et sans âme. Des relents d’autres groupes aussi, des Manic Street
preachers aux U2 première mouture, très présents dans « Playing along » qui semble un jumeau de « 40 ». Globalement donc, un album gentillet et plein de bonnes intentions, de
la pop libre et qui s’assume. Gastronomiquement parlant, ça me fait penser à de jolis bonbons, sucrés et bien emballés. On raffole souvent des friandises, mais un peu d’objectivité tout de même,
ça n’est guère nourrissant. Ainsi en est-il de ce Keane, plaisant et taillé pour se vendre sans problème, mais qui ferait presque passer Chris Martin et Coldplay pour un vrai groupe de rebelles,
ce qui n’est pas peu dire… (6/10)
Keane propose son "Rush of blood to the head"