(Texte de Euler Hermes SFAC)
Les compagnies aériennes vont connaître des exercices 2008 et 2009 difficiles
Le trafic aérien est fortement corrélé à la croissance mondiale
En 2008, et surtout en 2009, le ralentissement marqué de l'économie mondiale va conduire à une contraction de la croissance du trafic aérien, bien en deçà de sa croissance de long terme, estimée à 4,5% l'an sur ces trente dernières années (cf graphique ci-dessous). " Le trafic aérien de passagers ne devrait croître que de 3,5% cette année et seulement de 1% en 2009 ", commente Nicolas Lioret, conseiller sectoriel chez Euler Hermes SFAC.
Le pétrole restera durablement à des niveaux élevés et la répercussion de la hausse du coût du pétrole sur le prix du billet ne sera que partielle. Après avoir franchi un plus haut historique en 2008 avec un prix de plus de 144 dollars début juillet, le baril de pétrole est récemment revenu sous la barre des 100 dollars. Selon les hypothèses de l'assureur-crédit Euler Hermes SFAC, il devrait néanmoins se stabiliser à haut niveau.
Les comptes de la filière vont à nouveau se dégrader
Les prix progresseraient respectivement de 3% en 2008 puis 2,5% en 2009. Dans le même temps la facture pétrolière va progresser de 34% cette année à 182 Mds$, puis de 17% en 2009 à 213 Mds$. " Au final la marge opérationnelle serait négative (-2,5%) pour la 1ère fois depuis 2003 ", observe Nicolas Lioret.
2008 : un niveau de défaillances proche de celui enregistré en 2003
Une forte remontée du niveau de faillites ou de suspensions de vol est attendue cette année avec près
d'une soixantaine de compagnies aériennes en défaut, soit un niveau inconnu depuis 2003. On retrouve
24 nationalités différentes, les Etats-Unis totalisant à eux seuls un record de 12 défaillances.
Le modèle low cost perdurera, au prix d'alliances et de restructurations plus ou moins douloureuses
Avec une dizaine de défaillances à mi septembre 2008, les compagnies à bas coûts sont également
touchées par la brusque montée du prix du pétrole. Ces dernières devraient pourtant résister à la crise
actuelle tant leur modèle est désormais bien implanté avec des taux de pénétration significatifs : environ
30% de parts de marché en Europe de l'Ouest et aux Etats-Unis.
Un impact pour l'heure limité sur le carnet des constructeurs
Un certain nombre de mesures ont été prises par les compagnies aériennes au début de l'été pour
restaurer leur rentabilité, ce qui pour l'heure affecte peu les carnets de commandes pléthoriques des
avionneurs.
Un pic de livraisons envisagé en 2010, avant un retournement qui s'annonce limité
Les cadences de livraisons devraient continuer à croître jusqu'en 2010 pour Airbus et Boeing. Au-delà,
les deux avionneurs pourraient décider de ne pas accroître les cadences compte tenu du ralentissement
en cours. Cependant un certain de nombres de facteurs limiteraient le repli à -25% contre -40% en
moyenne lors des précédents retournements.
Ils maintiendraient un niveau de rentabilité satisfaisant en 2008. Malgré son récent repli, le dollar reste faible par rapport à l'euro et cette faiblesse continue de pénaliser les acteurs européens.
Cette année encore le dollar s'est déprécié d'environ 9,5% par rapport à l'euro en moyenne annuelle ce
qui continue de pénaliser la filière aéronautique européenne. La plupart des constructeurs et
équipementiers européens voient donc encore une fois leur rentabilité pénalisée par les effets de
change.
En bout de chaîne, les sous-traitants français continuent à profiter des cadences des
avionneurs mais ils devront s'adapter à la montée en puissance des achats hors zone euro
Les sous-traitants ont su tirer partie de la hausse des cadences après les forts investissements
consentis en 2004 et 2005. Après une bonne année 2007, 2008 est encore attendue comme favorable
avec un maintien de la marge d'exploitation soit environ 7,5%.
" Mais la nécessaire réduction des coûts imposée à la filière forcera les acteurs à s'adapter, en
privilégiant les regroupements (pour répondre à des appels d'offre plus importants), en s'implantant à
l'étranger pour les tâches à plus faible valeur ajoutée, en regagnant en compétitivité et en diversifiant
leur clientèle " conclut Nicolas Lioret, conseiller sectoriel chez Euler Hermes SFAC.
Source : Communiqué de presse Euler Hermes SFAC.