Hier, pour la seconde fois à Montpellier j'ai participé à la Grande Tetée . Venue cette fois
ci sans bébé, ou du moins juste avec celui actuellement au chaud, le biboudemars n'étant décidemment pas sortable en ce moment, je n'ai pas pu joindre le geste à l'intention. Mais j'étais tout de
même là pour le décompte.
Des circonstances ont fait que j'ai été empêchée de m'exprimer l'an dernier sur ce sujet hautement sensible et
polémique qu'est l'allaitement. Mais je me sens décidémment d'humeur à bouffer du troll, et il est temps pour
moi de faire connaitre mon point de vue.
Je suis une mère allaitante convaincue des bienfaits de l'allaitement, y compris prolongé, et si possible jusqu'au sevrage naturel de l'enfant. Je considère l'allaitement comme une suite
naturelle de la grossesse, et pour moi le meilleur moyen de materner. Il ne s'agit pas dans cet acte de fournir au bébé seulement le meilleur lait qui soit , encore que cet avantage soit
loin d'être négligeable, mais aussi de lui apporter une nourriture bien plus subtile, invisible mais tellement importante : le contact, l'énergie de la mère, la sensualité du toucher, le réconfort
, et j'en oublie sûrement. Ce dernier aspect de l'allaitement, qui pourtant est une richesse incomparable, est malheureusement assez peu abordé dans la littérature destinée aux parents. Peut
être parce que ce message est difficile à faire passer ? Comment expliquer par des mots ce qui, avant tout, se ressent ?
Pour autant je n'adhère à aucun extrêmisme dans ce domaine. On peut être une trés bonne mère sans allaiter, ou en allaitant trés peu de temps. Réduire le maternage à un seul de ses aspects
que serait l'allaitement serait un manque grossier de jugeotte. De plus tellement de femmes ont vu leur allaitement massacré ou abrégé par les conseils absurdes généralement donnés aux
mères par les professionnels de santé, tellement de mamans qui souffrent de ne pas avoir pu aller un peu plus loin dans cette relation, leur enlever leur mérite à vouloir donner le meilleur à leur
enfant serait leur faire un bien injuste procès.
Et celles qui n'ont pas envie ? Et bien de mon point de vue cela ne se discute pas. Le cheminement qui va amener une mère à avoir envie d'allaiter est trop complexe et trop personnel
pour que quiconque ne se permette d'en juger. De nombreux paramètres entrent en jeu, y compris la perception qu'une femme peut avoir de son corps, son vécu en tant que bébé, les liens qui se
forment après la naissance (et l'on sait que les naissances en France sont bien peu propices à l'établissement d'attachements forts)...
Du point de vue de la santé, en France, en 2008 , un enfant nourri au lait industriel se développe de façon tout à fait satisfaisante. Notre niveau actuel d'accès aux soins médicaux fait que
les maladies dues au non allaitement sont bien soignées : otites, rhino, bronchites, bronchiolites, etc... dont sont souvent atteints les enfants biberonnés ne perdurent pas au déla de l'âge de 3
ou 4 ans . Leur système immunitaire s'adapte, tout simplement. Restent les effets à longs termes, mais de nos jours, bien malin celui qui pourra dire que telle maladie contractée à tel âge
est due au non allaitement, à la pollution, à une mauvaise alimentation etc...
Je ne suis pas aussi tolérante lorsque la santé du bébé est en jeu, et que le bébé doit recevoir absolument du lait adapté pour sa survie. Lorsqu'il est vital pour un enfant de recevoir le
lait auquel il a droit, son interêt supérieur doit passer avant toute considération personnelle. Même si les lactariums existent ... et déresponsabilisent , hélas, les mères, et les professionnels de santé censés les soutenir dans leur
allaitement.
Pourquoi une grande têtée ?
Pour que l'allaitement devienne/ redevienne la norme visible dans notre societé . Parce que face aux gros moyens publicitaires déployés par les fabricants de laits en poudre, l'allaitement,
qui ne fait gagner d'argent à personne, n'est pas assez représenté dans notre paysage . Parce que plus on parlera de l'allaitement et plus on montrera que les femmes sont heureuses d'allaiter, plus
ces informations formeront une image positive de l'allaitement , pour les jeunes et les futures mères.
Et surtout qu'on ne vienne plus nous sortir le couplet éculé de la culpabilisation des non allaitantes : demande t on aux pouvoirs publics de ne pas faire de la pub pour les fruits et
légumes afin de déculpabiliser les malbouffeurs ? Devons nous nous abstenir de montrer de l'eau minérale pour ne pas faire de peine aux buveurs de sodas ? Eviter de parler de la loi
Evin pour ne pas traumatiser les fumeurs ? Non , c'est absurde n'est ce pas ?
La culpabilité nait de l'individu, et de la perception qu'il a de la justification de ses actes. En aucun cas elle ne saurait venir d'exemples inverses ou de d'informations sur des
pratiques différentes.
Jamais personne ne parviendra à me culpabiliser d'allaiter, de porter , de dormir avec mes enfants.
J'assume mes choix car je les crois justes. C'est ma liberté de les assumer, comme c'est la liberté des autres de faire différemment.
Il y a du chemin à faire encore dans ce pays pour que les femmes qui allaitent soient pleinement respectées dans leurs droit et leur liberté. Mais je crois fermement que cela va changer; et
j'espère que nos filles bénéficieront des démarches militantes de leurs mères.
Pas de photo de cette année pour cause d'apn en panne. Soit dit en passant il faudra qu'on m'explique pourquoi toute la presse peut avoir accès aux photos prises, mais pas les participantes elles
mêmes ? Depuis l'année dernière je cherche à résoudre cet épais mystère , le forum de la gtt étant parfaitement muet à ce sujet...