Du sexy, de l'exotisme et du tourisme. C'est, en gros, ce que propose Vicky Cristina Barcelona, grosso modo le quarante-deuxième film de Woody Allen, et sans doute le plus sexuellement débridé de sa longue filmographie. Une longue promenade dans un Barcelone interlope et nyctalope en compagnie de trois sacrées pépées et d'un bel (?) ibérique. Un film un poil triste mais évidemment plein d'humour, qui fait de la légèreté un art de vivre et un sacerdoce. Caliente caliente, l'atmosphère est à la moiteur, en partie grâce à des interprètes qui donnent libre cours à leur côté torride. Difficile de dire qui des quatre est le plus impliqué dans son rôle ; en tout cas, le plaisir des yeux et celui de l'esprit se rejoignent. Mesdemoiselles Johansson, Cruz et Hall (quelle révélation !) sont d'une beauté fatale. Monsieur Bardem n'est sans doute pas mal non plus.
La ville catalane est donc le terrain idéal pour ces jeux de l'amour et du hasard, comme Woody sait en pondre chaque année ou presque. Il y aura des coucheries, des accès de rage aux fort accents ibériques, et quelques trahisons. Empreint d'un vrai charme, comme deux bons mois de tourisme sans contrainte budgétaire, le film n'est cependant pas beaucoup plus que cela. La tension érotique n'est pas si poussée, les jeux de massacre restent bien timorés, et on ne retrouve pas la morale perverse que sut installer Allen dans quelques-uns de ses films les plus marquants (Match point et Crimes et délits, par exemple). La mise en scène a beau avoir pris un coup de jeune, cela n'empêche pas une certaine léthargie d'envelopper un film qui ronronne sacrément alors qu'il aurait dû sentir le soufre, l'alcool et la semence. À ce trip pas désagréable, on pourra préférer les classiques alleniens des années 80-90, qui faisaient de la relation amoureuse quelque chose d'aussi délicieux qu'addictif, mais aussi de diaboliquement pervers.
6/10