« L'académie d'Aix-Marseille recrute Enseignant(es) ds les disciplines suivantes : sciences médico-sociales, biotechnologie, technologie, mathématiques, allemand, sciences physiques, génie civil...
Niv. licence mini exige.
C.V. à adresser à : Rectorat, Académie d'Aix-Marseille, division des Personnels enseignants »
Un lien internet renvoie également vers le site de l'Académie, pour celui ou celle qui souhaite obtenir plus d'informations ou formuler sa candidature.
Comment faut-il lire cette petite annonce ? Pour le rectorat d'Aix-Marseille, il n'y a là rien d'exceptionnel:
« A la rentrée, chaque académie est obligée de s'assurer que son volant de contractuels ou de vacataires est suffisant, notamment en cas d'absences longue durée pour remplacer les enseignants titulaires.
Ce sont des ajustements auxquels nous procédons tous les ans. Il ne s'agit en aucun cas de postes d'enseignants titulaires... »
Au ministère de l'Education nationale, on précise que ces ajustements sont laissés à l'appréciation de chaque recteur d'académie.
Mais ce qui surprend, c'est que ces ajustements » portent sur des matières « généralistes comme les mathématiques ou l'allemand, ce type de recrutement étant traditionnellement réservé à des matières bien spécifiques.
1 200 postes en moins dans l'académie depuis 2003
Pourquoi alors ce besoin soudain de profs de maths? Pour le syndicat d'enseignants Snes Aix-Marseille il n'y a là aucune surprise. Laurent Tramoni, secrétaire académique, détaille :
« Depuis la rentrée 2003, l'académie d'Aix-Marseille a perdu 1 ,200 postes, l'équivalent de 25 collèges supprimés. On veut nous faire croire que ces contractuels ne sont là que pour assurer des remplacements. On a surtout l'impression que ce sont les profs de demain. » (Ecouter le son)
Depuis plusieurs années, les syndicats dénoncent le net recul des postes ouverts aux concours d'enseignants dans de nombreuses disciplines et déplorent la substitution des titulaires de zones de remplacement (TZR) -des profs certifiés- par des vacataires.
Une enseignante d'histoire-géo d'un lycée du centre-ville de Marseille rappelle :
« Ce qui fait la différence, c'est que les enseignants titulaires ont passé des concours, ont été sélectionnés sur leurs compétences et ont été formés pour enseigner. Les autres non. »
La tendance s'accélère mais surtout, elle prend de nouvelles formes. Pour Laurent Tramoni, la petite annonce passée par le rectorat d'Aix-Marseille est symptomatique de cet état de fait:
« C'est la première fois que le rectorat lui-même recrute des personnels pour assurer des remplacements dans un grand nombre de disciplines. On a vraiment l'impression que l'essentiel, c'est qu'il y ait quelqu'un en face des élèves. »
On connaissait déjà le recrutement d'instituteurs au smic via l'ANPE. Laurent Tramoni passe en revue les trois nouvelles façons de recruter des enseignants: (Ecouter le son)
Outre l'embauche par petites annonces, les établissements font donc appel aux collègues fraîchement retraités. Une pratique de plus en plus fréquente, comme cela a été le cas cette année au lycée Thiers, fleuron de l'enseignement public marseillais.
Au début de l'été, le proviseur a fait partir un courrier dans lequel il tente de faire vibrer la fibre pédagogique de ses anciens collègues:
« Vous avez choisi (ou le système a choisi pour vous...) de faire valoir vos droits à une pension de retraite. En vous enviant tout de même un peu, nous ne vous oublions pas et je me suis interrogé pour savoir si vous ne ressentiez pas un brin de frustration, la fibre pédagogique qui vit toujours en vous n'arrivant plus à s'exprimer.
C'est pourquoi je m'adresse à vous aujourd'hui. En un mot: seriez-vous prêt à nous aider -nous, c'est vos collègues en activité, l'administration du lycée, mais surtout les élèves et leurs parents- dans une projet de soutien scolaire en classe de première (...) Nous aider bénévolement, cela va sans dire. »
Des BTS contractuels en techno ?
Plus grave selon le syndicat majoritaire chez les profs: le recours aux étudiants bac+2 sortant de BTS pour assurer des enseignements. Là encore, c'est l'Académie d'Aix-Marseille qui a initié la démarche en faisant appel au vivier des lauréats du BTS de la session 2008 pour répondre au besoin de contractuels et vacataires en technologie au collège.
Au ministère de l'Education nationale, tout en prenant soin de ne pas dévaloriser la matière, on peine quelque peu à justifier la démarche. Au Snes, on estime qu'il s'agit tout simplement d'une négation de la qualification des enseignants, d'une négation de l'enseignement, alors que c'est tout le système de formation, à travers notamment les Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM), qui est aujourd'hui menacé.
Bien au-delà du cas de la petite annonce du Rectorat d'Aix-Marseille, Laurent Tramoni déplore une volonté idéologique de démantèlement du service public.
Selon lui, les économies réalisées par la suppression d'1 poste de fonctionnaire sur 2, c'est des queues de cerise dans le budget de l'Etat. (Ecouter le son)
Et qu'en pense le recteur de l'académie d'Aix-Marseille, Jean-Paul de Gaudemar ? Chargé par le ministre de l'Education nationale d'élaborer le nouveau lycée général et technologique, il poursuit la concertation des différentes représentants du monde éducatif, moins le Snes-FSU qui a quitté ce jeudi la table des discussions.
Le rapport Gaudemar pourrait être remis d'ici la fin du mois d'octobre, pour une communication du ministère à la rentrée des vacances de la Toussaint. Par petites annonces ?
NDLR
Le remplacement (toujours camouflé) de titulaires par des contractuels est une vieille méthode largement utilisée par l''Education Nationale depuis des décennies. La nouveauté c'est que naguère on embauchait des contractuels à tour de bras, certes, mais on ne se débarrassait pas des titulaires !
A lire sur le site de rue89 les nombreuses et intéressantes réactions.
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