Carte IGN 2521 E (2) [1ère partie de la “boucle” ]
par Chambolle
Bon, je vous suppose prêt à repartir. Suivez, l’allée qui descend le long de l’ex-voie ferré. Au bout de cent mètres, il tourne à droite et c’est parti pour un chemin creux qui, entre deux haies, gravit régulièrement un coteau où règne l’argile (raison pour laquelle, en période de pluie, les bâtons sont nécessaires mais parfois insuffisants).Sur un replat, on croise une petite route. A quelques mètres du carrefour, des mains pieuses ont érigé un calvaire en l’honneur de saint Pierre. Au dessus d’un tas de gros blocs de grès tirés de carrières voisines, une croix de fer forgé est érigée sur un socle. Le passant curieux y apprendra qu’on doit ce monument à Pierre-François-Jean Pietresson, maire d’Auxerre sous Louis-Philippe, ou à ses héritiers et qu’il fallut, pour transporter ici les matériaux nécessaires, un nombre impressionnant de paires de bœufs. Quelques instants de méditation, à la mémoire des anonymes, galvachers et journaliers qui construisirent cet ersatz de tumulus à la gloire d’un bourgeois louis-philippard et on continue tout droit entre friches, prés et bosquets.
Des Lorets, à la Turne et à Bellevue, on côtoie des maisons où le pire, épaves de machines agricoles, carcasses de voitures, ruines de charrettes, voisine avec le meilleur, bouquets de fleurs d’automne, murs couverts de treilles et vergers de fruitiers, parmi lesquels, merveille, un cognassier.C’est le moment de penser à votre dessert de ce soir qui prendra, si vous voulez m’en croire, la forme d’une tarte Tatin aux pommes de laquelle
vous ajouterez quelques fines tranches d’un coing ramassé au passage. L’odeur qui s’exhale à la cuisson de cette doucerie est, à elle seule, une béatitudeEn attendant cet heureux moment, traversez une départementale (celle-ci porte le numéro 66) et continuez jusqu’à l’étang de Chassin. Y trouve-t-on encore des châtaignes d’eau ? Peut-être pas. ! Ça n’a guère d’importance puisque les vraies châtaignes sont là et qu’elles ne sont pas toutes véreuses. Vous êtes autorisés, si le cœur vous en dit, à en ramasser de quoi en griller suffisamment pour remplir une feuille de l’Indépendant du Louhannais roulée en cornet. Après avoir franchi une seconde route (attention, il y passe au moins quinze autos à l’heure sans compter les chevreuils, les sangliers et les renards) vous allez poursuivre tout droit par le Crôt Veillat et le Crôt Maçon jusqu’à la Cave à Bernot. C’est, selon les saisons et la vigueur des pluies, un petit étang ou une grande mare. Sur ses bords, la sauvagine laisse ses traces et les promeneurs peu attentifs ont bientôt fait de s’y embourber. C’est un endroit où, si vous croisez quelqu’un qui vous propose de faire de vous un nouveau Bill Gates ou un autre Steve Fosset moyennant une petite signature au bas d’un parchemin, il est conseillé de vérifier si le chapeau de votre interlocuteur ne cache rien d’autre qu’une calvitie naissante et si c’est bien un sac qui fait bosse sous son poncho.
Heureusement, le bois s’éclaircit vite et on rejoint une large piste qui s’en va sur la gauche en direction des Pautrats où elle devient route goudronnée puis des Martins qui s’offrent le luxe de deux panneaux routiers avant de passer sous le château de Ratilly où les artistes et les musiciens ont remplacé les soudards et les gendarmes.
Un regard au gris des tours et vous voilà aux Jolivots. On parcourt ici les derniers hectomètres de la journée par le Chemin de la déplaisance. Ne vous laissez pas arrêter par un nom peu fait pour séduire. Tout ici, y compris le semblant de gué qu’il vous faut franchir est charmant. Dix minutes suffisent pour boucler la boucle et retrouver votre point de départ. Si vous n’êtes pas lassé des lavoirs, le dernier de la journée vous attend, un peu à l’écart du village. Sinon, allez vite faire réchauffer votre daube, elle vous attend.Chambolle
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