Ce recueil de nouvelles plonge le lecteur dans un Japon attaché à ses valeurs ancestrales et, à la fois, très occidentalisé, trois des nouvelles appartenant au cycle dit "kaika mono" ("histoires du temps de la modernisation") : Les Poupées (1923), à travers l'histoire d'une famille bourgeoise désargentée forcée de se séparer de ses poupées traditionnelles, évoque le décalage douloureux entre modernité et système ancien, ainsi que les souffrances qui en résultent ; Un crime moderne (1918) et Un mari moderne (1919) présentent des personnages masculins qui tentent de concilier modernisme des idées (le mariage d'amour par exemple) et valeurs anciennes, sans forcément parvenir à un équilibre.
Dans un autre registre, La Magicienne (1919) conte l'histoire d'amour teintée de tragique d'un jeune homme et de sa servante, tous deux aux prises avec une sorcière maléfique et puissante ; l'irruption du fantastique et de la magie dans un Tokyo moderne paraît familière au lecteur occidental qui ne peut s'empêcher de penser à Kafka ou Maupassant. Et l'auteur de souligner cette idée en disant : "Eh bien, à une pareille époque, dans un coin de cette grande cité, il s'est passé une étrange affaire, comme on peut en trouver dans les histoires de Poe ou les contes d'Hoffmann." La dernière nouvelle, Automne (1920), est mélancolique à souhait, tant par les évocations poétiques qu'elle renferme que par le sacrifice amoureux de Nobuko, jeune femme sensible et lettrée. Les allusions à la…