L’hypothèse concernant la réalité du psy voudrait que toute différence significative par rapport à ce que l’on obtiendrait en laissant jouer le hasard dans un test portant sur les capacités psychiques constitue une preuve que quelque chose d’inusité ou de paranormal s’est produit.
L’hypothèse concernant le psi a été adoptée par de nombreux parapsychologues dès que furent entreprises des recherches scientifiques formelles sur les phénomènes psychiques, lors de
la création de la Society for Psychical Research, en 1882.
Lors d’un premier test sur les capacités psychiques effectué pour cette société de recherche, Sir William Fletcher Barrett, un professeur de physique au Royal College of Science de Dublin, a
déclaré qu’il disposait de preuves à l’effet que les candidats participant à son étude démontraient des habilités paranormales parce qu’ils obtenaient, en essayant d’identifier différentes
cibles, des résultats nettement supérieurs à ce que l’on pourrait attendre du hasard.
Il a réalisé un bon nombre d’expériences avec les sœurs Creery et leur gouvernante, expériences qui l’ont amené à déclarer que les chances qu’elles puissent obtenir une bonne réponse au
cours d’une expérience étaient de ‘’une sur un million’’ ; que leur chance de deviner correctement une série de cinq cartes étaient ‘’au-dessus d’une sur 142 millions’’ et, ‘’incommensurablement
plus grande’’, pour une série de huit cartes..
Évidemment, nous savons maintenant que ces demoiselles affichaient de telles performances parce qu’elles trichaient.
On ne devrait toutefois pas faire l’erreur de penser qu’il n’y a que deux possibilités quand des événements bizarres se produisent lors d’expériences visant à identifier diverses
cibles. Même si les sujets ne trichent pas, il ne s’ensuit pas pour autant qu’ils témoignent d’habilités psychiques.
Dans plusieurs de ses expériences, J. B. Rhine utilisait un jeu de cartes conçu par un de ses assistants dénommé Zener.
Ce jeu comprend 25 cartes réparties en groupes de 5 cartes portant des dessins différents : une étoile, trois lignes verticales ondulantes, un signe plus, un cercle et un carré. Si un
candidat désignait correctement 5 cartes à partir de l’ensemble du jeu des 25 cartes dûment mêlées, on considérait que seule la chance jouait.
Certains sujets pouvaient désigner correctement et de façon persistante 6 des 25 cartes. Rhine et ses associés concluaient alors qu’un tel résultat, dépassant ce que l’on pouvait attendre de
la simple chance, démontrait l’existence de perceptions
extrasensorielles
Il prétendait même que des candidats qui pouvaient nommer correctement 4 des 25 cartes jouissaient d’une certaine habileté psychique.
Il parlait alors d’absence de psi et
attribuait cette lacune au fait que le sujet éprouvait une attitude négative à son égard et envers le paranormal. Il est possible que certains des sujets de Rhine
trichaient.
Nous savons par ailleurs que quelques-uns des jeux de cartes qu’il utilisait étaient composés de cartes transparentes, permettant aux télépathes récepteurs de réaliser quelle carte le sujet
émetteur examinait.
Il est aussi possible que la distribution des candidats qui obtenaient des résultats au-dessus, en-dessous ou au niveau du simple hasard correspondait en fait à ce qu’auraient prévu les lois de
la probabilité.
On peut trouver un autre exemple de cette hypothèse supposant l’existence du psi dans les travaux de S. G. Soal (1889-1975), un mathématicien au Queen Mary College de la London
University.
Celui-ci visait à améliorer les méthodes plutôt discutables de Rhine en éliminant systématiquement de ses expériences sur la perception extrasensorielle des failles de différentes natures et plus
particulièrement ce que l’on désigne maintenant comme des ‘’débordements sensoriels’’ (communication
non-télépathique).
En 1939, il a effectué des tests sur la perception extrasensorielle impliquant plus de 128 000 tentatives d’identification de cibles avec 160 candidats. Il ne découvrit aucune forme de
télépathie.
En fait, ce qu’il trouva ne présentait aucun intérêt statistique. C’est-à-dire qu’il ne trouva rien de significatif statistiquement jusqu’à ce qu’il en vint à scruter plus profondément ses
données pour y vérifier des effets de glissement. Soal a obtenu des statistiques
intéressantes pour deux de ses 160 sujets lorsqu’il établit des corrélations portant sur les cartes précédant ou suivant les cartes cibles.
Lui-même et d’autres chercheurs interprétèrent ces résultats comme démontrant l’existence de clairvoyance Nous savons maintenanant que Soal n’a pas seulement creuseses données, il les a aussi changées
De toute façon, en plus de la tricherie par les candidats et les opérations frauduleuses des chercheurs, l’hypothèse psi soulève deux autres types de problèmes : un problème d’ordre logique
et un autre d’ordre méthodologique.
Sur le plan logique, les parapsychologues sollicitent la question (prenant pour acquis ce qu’ils devraient trouver) ou, encore, ils commettent l’erreur de présumer des résultats. (En présence de psi, les données indiquent une déviation par rapport à ce que l’on obtiendrait si on laissait jouer le hasard.Or, les données indiquent une déviation. Donc, il s’agit de psi. Ou : Si une personne est dotée
de capacités psychiques, elle obtiendra en essayant d’identifier des cibles cachées des résultats supérieurs à ceux que l’on pourrait attendre du hasard. Or, cette personne obtient de tels
résultats. Donc, cette personne est dotée de capacités psychiques.)
L’hypothèse concernant l’existence du psi est aussi discutable sur le plan méthodologique. Rien ne permet de croire que les lois de la probabilité, qui sont purement formelles et
conceptuelles devraient s’appliquer directement à tout ensemble fini d’événements
à suivre...