La société moderne est en train d’abolir la prostitution grâce à la promiscuité.
En quel Dieu ont bien pu croire ceux qui ont cessé de croire en lui.
Jusqu’à quand le rationalisme tolérera-t-il que l’humanité brûle ses cadavres au lieu de les consommer.
Ni l’éloquence révolutionnaire ni les lettres d’amour ne peuvent être lues par un tiers sans le faire éclater de rire.
La stupidité est le combustible de la révolution.
La disparition des rangs fait obstacle à la communication entre les hommes. Marchant en troupeau, les individus ne se tiennent plus par la main, ils jouent des coudes pour avancer.
Les démocrates se divisent entre ceux qui croient la perversité curable et ceux qui nient qu’elle existe.
La littérature ne périt pas parce que personne n’écrit, mais quand tout le monde écrit.
Le démocrate ne se contente pas que nous respections ce qu’il veut faire de sa vie, il exige en outre que nous respections ce qu’il veut faire de la nôtre.
La « vie » est devenue à ce point la fin suprême du monde moderne, que celui qui vit pour autre chose, ne serait-ce que pour manger, éveille notre sympathie.
Les riches ne sont inoffensifs que là où ils sont exposés au dédain d’une aristocratie.
L’Etat moderne est un pédagogue qui ne donne jamais de diplôme à ses élèves.
Aucun conte populaire n’a jamais commencé ainsi : il était une fois un président…
L’homme intelligent en vient rapidement à des conclusions réactionnaires. Aujourd’hui cependant, le consensus universel des imbéciles l’intimide. Quand on l’interroge en public, il nie être galiléen.
Les sociétés moribondes accumulent les lois comme les moribonds les remèdes.
Nicolas Gomez-Davila, Les horreurs de la démocratie